Colloque International “Intime et Intimité au Siècle d’or II. Les lieux de l’intime et le rapport au corps en Europe aux XVIe et XVIIe siècles” (MSH Dijon, 14-15 octobre 2021)

Appel à communications

© Image : Anonyme, Dame à sa toilette (fin XVIe s.),
huile sur toile, 96 x 73 cm, Dijon, Musée des Beaux-Arts.

Date limite de dépôt : 4 juin 2021

Présentation

La crise sanitaire actuelle, avec ses épisodes de confinement répétés, ses mesures de distanciation sociale et ses gestes barrière qui entravent les corps, replace la sphère de l’intime au cœur des interrogations des sciences humaines. Nous proposons d’apporter un regard critique sur la question des espaces intimes et du rapport au corps grâce à un éclairage rétrospectif et pluridisciplinaire. Ce colloque international programmé les 14 et 15 octobre 2021 fait suite à un premier volet qui a eu lieu en mars 2019 à Paris 13[1]. Il est le fruit d’une collaboration entre l’équipe « Intime » du laboratoire TIL (UBFC), spécialisée dans l’étude des aspects protéiformes de l’exposition de l’intime à différentes époques, et des laboratoires pluridisciplinaires PLEIADE (USPN) et HLLI (ULCO). Si la première rencontre collective était centrée sur la légitimité de la notion d’intime dans la culture hispanique du Siècle d’or, le présent colloque étendra le champ de la réflexion aux différentes aires culturelles européennes à l’époque moderne en ciblant plus spécifiquement les topiques de l’intime (réelles ou représentées) et leur lien étroit avec le corps humain en quête d’intériorité et/ou de confidentialité.

Quels sont les espaces où le corps prend place de façon intime dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles ? Espaces de la toilette, du sommeil ou de la vie maritale et sexuelle en passant par la vie spirituelle, intellectuelle ou créative, mais aussi espaces du soin au sein et hors du cadre domestique, les sociétés européennes des XVIe et XVIIe siècles offrent de multiples cas de figure, à une époque où l’idée même de préservation de l’intimité, notamment corporelle, n’est pas toujours établie. Les réflexions porteront sur l’articulation entre espaces de la sphère privée et intime, et la façon dont le corps les habite, s’y révèle ou au contraire y demeure caché. Nous proposons de croiser différents champs disciplinaires, afin de confronter des études portant sur les réalités topologiques vérifiées (histoire des mentalités, histoire des sciences, patrimoine architectural) et des travaux analysant les représentations de ces lieux de l’intime (philologie, histoire de l’art, histoire des idées).

Un premier axe de réflexion analysera les espaces domestiques favorisant la vie intérieure (cabinet, bibliothèque, oratoire). On s’interrogera sur la façon dont l’espace concret de la maison est aménagé pour permettre à l’individu de disposer le corps et l’esprit à la concentration et à la méditation, dans la solitude ou dans le cadre de sociabilités restreintes à un cercle intime (secrétaire, conseiller, confesseur). L’espace domestique est également le lieu du soin du corps (lieux de la toilette) en concurrence parfois avec des espaces publics (bains). De même, l’organisation de la maison prévoit parfois de façon différenciée selon les statuts sociaux une intimité conjugale (chambre, lit).

Un deuxième volet s’intéressera aux lieux de la vie spirituelle et à la façon dont sont configurés les espaces des lieux réservés à la dévotion, à la fois sur un plan concret favorisant le recueillement, mais aussi sur un plan symbolique : la clôture, la cellule monacale, les ermitages et autres lieux de retraite, le confessionnal sont autant de lieux codifiés où le corps est contraint spatialement pour être en harmonie avec une démarche spirituelle, une quête d’intimité avec Dieu, tantôt individuelle, tantôt collective ou partagée. Il s’agira également des lieux domestiques de religiosité clandestine où le corps doit passer inaperçu (crypto-judaïsme, crypto-islamisme, illuminisme en Espagne, protestantisme en France ou catholicisme en Allemagne ou en Grande-Bretagne au temps des guerres de religion).

Un troisième pan d’analyses sera consacré à l’aménagement des lieux de soin et de réclusion. Dans le premier cas, les malades sont soignés à l’époque moderne à leur domicile (isolement ou au contraire accompagnement étroit du malade dans sa chambre personnelle)ou à l’hôpital (configuré avec des salles communes ou certains espaces de confidentialité). D’autre part l’enfermement que suppose l’espace carcéral (couvents, tours, oubliettes, prisons royales ou inquisitoriales) interroge avec d’autant plus d’acuité le rapport à l’intime et au corps.

Enfin un quatrième axe s’interrogera sur les lieux intérieurs et extérieurs propices aux rencontres et liaisons amoureuses : jardins privés, parages reculés, montagnes, grottes et autres lieux cachés. Correspondances privées et représentations littéraires ou artistiques pourront être explorées pour mettre au jour les espaces privilégiés de cet intime caché, particulièrement fécond dans la littérature romanesque, le théâtre et la poésie lyrique.

La perspective pluridisciplinaire à l’œuvre dans ce colloque permettra de confronter des travaux d’ordre architectural et historique portant sur des archives, des œuvres médicales et testimoniales, avec des analyses philologiques et sémiotiques appliquées à des œuvres littéraires (fictions, essais, mémoires…), ainsi que des approches consacrées à des représentations iconographiques.

Les résultats attendus de ces analyses complémentaires permettront de dégager des pratiques similaires ou différenciées en matière de préservation ou d’exposition du corps dans des activités privées, confidentielles ou clandestines, en fonction des aires géographiques et culturelles étudiées, des ancrages topographiques (ville vs campagne), des statuts sociaux (nobles vs roturiers ; riches vs pauvres) et du degré de sacralisation de certains lieux (espaces de dévotion ; espace sacralisé du palais royal). Il s’agira également de mesurer l’écart entre les réalités constatées historiquement et les représentations, souvent symboliques, qui en sont faites à travers différentes expressions artistiques.

Ce colloque international donnera lieu à une publication scientifique conçue comme un ouvrage collectif interdisciplinaire.

Comité d’organisation 

Estelle Garbay-Velázquez (TIL, UBFC), Cécile Iglesias (TIL, UBFC), Florence Madelpuech-Toucheron (HLLI, ULCO) et Sarah Pech-Pelletier (PLEIADE, Université Sorbonne Paris Nord).

Lieu 

MSH de l’Université de Bourgogne (Dijon) si présentiel possible ; en distanciel ou hybride sur Teams et Youtube si la situation sanitaire l’exige.

Calendrier

Les propositions de communication (titre, résumé d’environ 300 mots et bref CV) devront parvenir à  estelle.garbay-velazquez@u-bourgogne.fr  / cecile.iglesias@u-bourgogne.fr  / florence.toucheron@univ-littoral.fr / sarah.pelletier@univ-paris13.fr.

Date limite : le 4 juin 2021. Les réponses seront communiquées au plus tard fin juin 2021.

Langues de rédaction

Les langues de rédaction acceptées sont : le français, l’anglais, l’espagnol de préférence (l’italien, l’allemand et le portugais sont possibles, avec résumé dans l’une des langues principales).

Documents

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[1] Intime et intimité en Espagne au Siècle d’Or (espaces, émotions, représentations). Colloque international, 28-29 mars 2019, Université Paris 13. Dossier publié sous la direction de Florence Madelpuech-Toucheron et Sarah Pech-Pelletier dans la revue e-Spania, 37 (octobre 2020). https://journals.openedition.org/e-spania/35987

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