Axes de recherche
Responsables : Nasser Rebaï et César Ruiz Pisano
Cet axe entend développer une réflexion transdisciplinaire sur la notion de « collectif ». Il s’agira de se saisir de cette notion polysémique afin de réinterroger, de manière innovante, les notions de « marges », d’« inégalités », et de « vulnérabilités ».
L’enjeu sera de mobiliser les différents terrains d’étude (France, États-Unis, Amérique latine, Maghreb, Haïti) afin de comprendre comment la notion de « collectif » permet d’appréhender des enjeux de sociétés contemporains globaux, dans une perspective comparative : par exemple, il s’agira d’analyser la manière dont la question du « collectif » permet dans le contexte étasunien ou latino-américain de légitimer l’action politique des minorités et de contribuer à leur visibilité médiatique ; aux « Nords » comme aux « Suds », d’étudier dans quelle mesure les « collectifs » contribuent à réduire les vulnérabilités environnementales en contexte de changements globaux ; comment ils font émerger des discours politiques visant à l’émancipation de groupes subalternes, ou à favoriser la « transition », agricole ou environnementale.
De même, la diversité des approches disciplinaires au sein de l’axe continuera d’enrichir le débat sur la définition du « collectif », de cerner l’usage de cette notion et son caractère opérant pour le développement d’analyses sur les différentes formes de vulnérabilité (sociale, environnementale, de genre, entre autres) et sur les moyens de les atténuer.
Des réflexions provenant des études littéraires, linguistiques, ou portées par les historiens, sur comment la notion de « collectif » est construite, interprétée et remobilisée dans des actions politisées ouvrira davantage le champ d’analyse. Elles permettront ainsi de prolonger les réflexions sur le thème des « marges créatrices », au cœur de l’identité de PLÉIADE.
À terme, une journée d’étude sur « faire collectif » sera envisagée et permettra de fédérer les membres de l’axe 1 « Marges, Inégalités, Vulnérabilités » et d’intégrer dans le même temps les enseignants-chercheurs des autres axes de PLÉIADE, dans le but notamment d’articuler la question du « collectif » à celles du « patrimoine », des « circulations », des « représentations » et, bien entendu, du « politique ».
Responsables : Sabine Armani et Ivanne Galant
L’axe 2 regroupe des chercheurs dont les travaux interrogent trois notions clés dans leurs dimensions nationales, internationales et globales : Circulations, Santé, Patrimoine/Matrimoine. Mobilisant des champs disciplinaires aussi divers que l’étude des civilisations, des arts et des sociétés, l’histoire, la géographie, l’anthropologie, les littératures et leurs différentes instances (langues, nations, genres), les chercheurs de l’axe décloisonnent dans leurs travaux collectifs leur propre démarche épistémologique et proposent des grilles de lecture inédites tout en produisant de nouveaux outils théoriques.
Circulations : Le thème des circulations est abordé sous un angle pluridisciplinaire, intégrant les conditions techniques, matérielles, socio-économiques et juridiques de la mobilité humaine. Il englobe l’étude des déplacements volontaires tels que les voyages, le vagabondage, le tourisme, mais aussi contraints, comme l’exil, le bannissement ou la déportation, à travers différentes périodes historiques et contextes géographiques. Cette approche pose également la question du rapport entre les nouveaux arrivants et les populations autochtones, notamment en ce qui concerne le statut et la visibilité des uns et des autres de l’Antiquité à nos jours. La mobilité des personnes, replacée dans son contexte technique, socio-économique et juridique, favorise la circulation et la diffusion des idées, des savoirs, des technologies, des valeurs, des religions, dévotions et cultes.
Santé : La thématique de la santé est abordée sous l’angle des théories médicales, pratiques, représentations et politiques sanitaires dans une perspective comparative et diachronique. Les chercheurs explorent l’évolution des systèmes de soin, des conceptions du corps et des maladies, ainsi que les dimensions culturelles, émotionnelles, genrées et sociales liées à la santé. L’étude des politiques de santé publique, des enjeux autour de la protection du vivant et de la gestion des pandémies est au cœur des travaux de cet axe, faisant également écho au thème de la circulation.
Patrimoine/Matrimoine : Les phénomènes de patrimonialisation incitent à réinterroger les différentes dimensions culturelles, artistiques, linguistiques, littéraires, matérielles et monumentales de ce concept et à en examiner les enjeux sociétaux, identitaires, politiques et économiques. L’accent est mis sur la manière dont les processus de transmission et de valorisation du patrimoine sont perçus et pratiqués, y compris à travers le regard des minorités, des populations discriminées ou exclues, souvent reléguées aux marges des discours officiels. Ce questionnement englobe également la prise en compte des mémoires minoritaires, des savoirs vernaculaires et des héritages féminins souvent occultés par les récits dominants et que le terme de matrimoine entend mettre en avant.
Ancrage territorial et collaborations L’axe 2 s’inscrit pleinement dans les problématiques spécifiques au territoire d’implantation de l’université Sorbonne Paris Nord.
Les travaux de recherche menés dans le cadre de cet axe s’effectuent en synergie avec les autres axes du laboratoire Pléiade. Cette collaboration s’étend également à un vaste réseau de partenariats à l’échelle locale, nationale et internationale, permettant des échanges scientifiques enrichissants et le développement de projets communs d’envergure.
Responsables :
Juan Carlos Baeza Soto et Laure Godineau
L’équipe de l’axe 3, regroupant des chercheurs et chercheuses en histoire, en histoire de l’art, en civilisation, littérature et arts anglophones, hispaniques, lusophones, en islamologie, en lettres et en géographie, souhaite croiser les approches disciplinaires autour de problématiques fédératrices pour interroger les notions de pouvoirs, de conflits et de mémoires. Elle s’intéresse par là au politique entendu au sens large.
Par la diversité des périodes, des disciplines et des espaces représentés, l’axe 3 constitue un lieu de réflexion original sur le pouvoir ou les pouvoirs, quels qu’ils soient, sur leurs configurations, sur leurs modes d’expression et de représentation. Il entend scruter les mécanismes de domination, d’intégration et de résistance, les modalités de reproduction et d’incorporation des ordres sociaux, et les tensions et contestations qui les travaillent, de même que la dialectique pouvoir(s)/contre-pouvoir(s). Il rejoint en cela le thème des « marges créatrices » qui rassemble l’Unité de Recherche Pléiade.
Dans cette perspective, les membres de l’axe 3 intègrent les problématiques actuelles sur les conflits et la conflictualité. Ils questionnent dans ce cadre la violence, ses vecteurs, ses formes, de même que ses protagonistes, mais aussi les voies de contournement, de médiation, de négociation et d’entente. Ces thématiques incluent la sortie de crise et la résolution de conflit, qui est le temps de l’intégration et de ses limites, ainsi que des mémoires. L’axe interroge également les conditions mêmes de production des savoirs : leurs ancrages historiques, culturels et institutionnels, les cadres dans lesquels ils s’élaborent et circulent, et les rapports de pouvoir qu’ils engagent.
Les politiques et les pratiques mémorielles, quels que soient les institutions ou les acteur.ices dont elles émanent, comme les contestations et conflits qu’elles suscitent, les usages politiques et culturels du passé, les « contre-mémoires » (et les « contre-archives ») sont donc elles aussi au cœur des recherches de l’axe.
En interrogeant ces trois notions, l’axe 3 entend mettre l’accent sur quatre dynamiques :
- Les dynamiques de transmission. Le travail collectif de l’axe s’appuie sur un séminaire dont le thème actuel est « la transmission », après en avoir été « le tiers », puis « le débat ». La transmission permet de penser conjointement l’individuel et le collectif, la sphère publique et la sphère privée, d’approcher les processus normatifs, les processus de socialisation, la construction d’identités sociales, et leur contestation, de poser la question de l’altérité et de la médiation, d’approfondir la diversité des temporalités et des espaces.
- Les dynamiques de genre, mobilisées dans l’histoire sociale des relations de pouvoir et plus généralement dans l’analyse des pouvoirs, des mécanismes et des rapports de domination, ou des résistances et des conflits.
- Les dynamiques de patrimoine, mobilisées par les notions de pouvoirs et de mémoires. Au-delà des politiques institutionnelles, le travail sur les usages politiques et culturels du passé nécessite de se pencher sur les pratiques et les volontés collectives qui émergent autour des traces matérielles, autour des patrimoines et/ou des matrimoines de protagonistes et d’espaces situés aux marges politiques, sociales, historiques et spatiales. Sur ces dynamiques, l’axe 3 entretient un dialogue avec l’axe 2 de l’Unité de Recherche, qui envisage les notions de patrimoine/matrimoine sous un angle complémentaire.
- Les dynamiques culturelles, pensées dans une perspective pluridisciplinaire, irriguent enfin l’ensemble de ces orientations.
Responsables : Christèle Couleau et Valérie Stiénon
L’axe 4 se fonde sur une double nécessité : d’une part, explorer les formes et les représentations dans leur expansion la plus large (diversité des aires culturelles, multiplicité des supports, variété des champs disciplinaires, phénomènes émergents) ; d’autre part, donner sens à cette constellation en posant des définitions, en circonscrivant des zones de cristallisation, d’hybridation ou d’échange. À cette fin, il centre ses travaux sur les cinq thèmes suivants.
Le dialogue entre les arts, la culture visuelle, l’intersémioticité. La culture visuelle est considérée à la fois comme l’expression d’arts spécifiques (études cinématographiques, théâtrales, dispositifs iconographiques, photographie, bande dessinée) et comme un ensemble de codes sémiotiques propres aux aires culturelles (cultures européennes, américaines, asiatiques, arabes, etc.) et aux différents domaines du savoir (histoire, science, littérature).
Les formes du langage. Les structures linguistiques sont étudiées dans leurs formes écrites et orales, sans négliger la description du sens, menée en tenant compte des contextes discursifs et interactionnels. À des études en synchronie, s’ajoute l’examen des évolutions historiques, à travers les phénomènes d’emprunt, de grammaticalisation et d’innovation. Sont également étudiées les dynamiques de créativité formelle (langue de l’Internet, fiction, chanson, réactualisation de la forme « poésie » par le sonnet, le slam etc.).
La littérature, l’intermédialité, le numérique. La littérature est abordée dans sa diversité (francophonie) et sa complexité, en incluant ses dimensions les plus contemporaines (écritures numériques) ainsi que les différentes formes de dialogue qui la lient aux autres pratiques de création (transmédialité, reprise, adaptation), la rattachent à des dispositifs qui la déterminent significativement et l’inscrivent dans unedimension médiatique. La plurimédialité concerne ainsi les déclinaisons et les extensions de l’œuvre sur différents supports (livres numériques enrichis, jeux vidéo, univers fictionnels transmédia, etc.).
Les radicalités et les phénomènes d’émergence. De nouveaux espaces d’expression et de création émergent (innovations linguistiques, performances artistiques, coopératives d’artistes), qui appellent des regards spécifiques, tenant compte également des rapports entre les engagements politiques et la littérature (poésie militante, expression théâtrale du politique, contestations de la culture mainstream – underground, mouvement punk –, réappropriations culturelles). Une attention particulière est portée aux créations et aux représentations issues des périphéries (banlieues, marges du monde et des métropoles).
Les genres et les théories. Ce volet concerne les genres dans leur dimension typologique et épistémologique (genres discursifs, littéraires, textuels), en rapport avec l’invention de méthodes d’analyse des objets littéraires : héritage des théories, nouveauté conceptuelle, œuvres littéraires générant leur propre théorie, double fonction du critique-écrivain, négociations du légitime et du populaire.

