Colloque « L’épidémie de Covid-19 au Royaume-Uni : action publique, enjeux politiques et impact social »

Le colloque international « L’épidémie de Covid-19 au Royaume-Uni : action publique, enjeux politiques et impact social » organisé par le laboratoire PLEIADE (USPN) avec le soutien des laboratoires IMAGER (Paris-Est-Créteil), CREW (Sorbonne Nouvelle), CAS (Toulouse 2) et le CRECIB (Centre de Recherches en Civilisation Britannique) se déroulera les jeudi 29 et vendredi 30 septembre 2022 au Campus Condorcet (salle 100).

L’évènement est gratuit, mais l’inscription est obligatoire avant le 26 septembre (voir le programme pour les modalités d’inscription).

Ce colloque, qui s’inscrit dans l’axe 2 du laboratoire PLEIADE, se penchera sur l’action publique mise en place au Royaume-Uni afin de faire face aux conséquences de l’épidémie sur les inégalités socio-économiques, de santé et territoriales. Dans quelle mesure l’action du gouvernement a-t-elle accentué ou atténué celles-ci ? Les communicants présenteront un état des lieux et leurs analyses concernant les leçons à tirer de cette expérience.

Texte de cadrage :

Ainsi que l’écrivait Joseph Stiglitz en 2020, la Covid-19 tue sans se soucier du principe de l’égalité des chances (“Covid is not an equal opportunity killer”)[1]. En effet, depuis son apparition en 2019, l’épidémie de Covid-19 s’est répandue à travers le monde à une vitesse fulgurante et a rapidement eu des conséquences dramatiques sur les populations, tant sur le plan sanitaire et social qu’économique. Sur le vieux continent, l’épidémie a touché de plein fouet de nombreux pays dès le printemps 2020, dont au premier chef l’Italie, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni. Ce dernier a détenu pendant un temps le triste record du pays comptant le nombre de décès causés par la Covid-19 le plus élevé au monde par million d’habitants. Aujourd’hui, le pays se situe en 20ème position pour le nombre de décès liés à la Covid-19, devant la France ou l’Allemagne mais derrière la Hongrie, la Belgique ou l’Italie[2]. D’une façon plus positive, le Royaume-Uni s’est distingué à partir de fin 2020 par une campagne vaccinale particulièrement efficace. Le nombre de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid s’élevait déjà à plus de 31 millions début avril 2021, soit plus de la moitié de la population adulte du pays[3] à un moment quand la plupart des autres pays occidentaux étaient nettement moins bien situés. A la mi-juillet 2021, 51.8% de la population britannique était complètement vaccinée contre 60,2% en Israël, 44,3% en Allemagne et 38,3% en France[4]. Pour autant, à l’été 2021, le pays a fait face à une forte remontée du nombre de cas en raison de la propagation du variant Delta. Tous ces constats sont soumis aux évolutions de la pandémie, rebonds ou accalmies, et montrent qu’alors que la Covid-19 s’impose comme un élément avec lequel les pays doivent composer dans la durée, l’action publique face à l’épidémie est multiple, inégale, et toujours à renouveler.

L’épidémie au Royaume-Uni se caractérise aussi par la façon dont elle a accentué toutes les inégalités liées notamment, mais pas uniquement, à la classe, l’ethnicité, le genre ou l’âge. Elle a plus particulièrement frappé les plus fragiles et les plus précaires, tant sur le plan sanitaire que social, y compris ceux qui ne peuvent pas télé-travailler et ceux qui vivent dans des logements et quartiers surpeuplés. Face à l’impact potentiellement énorme de l’épidémie sur les plus fragiles, mais aussi sur la société britannique dans son ensemble, le gouvernement britannique a mis en place une panoplie de mesures plus ou moins novatrices, notamment dans le secteur de la santé, mais aussi dans d’autres domaines de l’État social. Ainsi dans le domaine du logement, une politique inédite de relogement des sans-domicile fixe a été mise en œuvre en urgence (Everyone In) en mars 2020. Elle a permis de loger 90% des SDF et de fournir à 37000 personnes un logement stable[5]. Une trêve des loyers a également été déclarée en mars 2020 pour six mois et reconduite jusqu’en mai 2021. En matière d’emploi, entre le 1er mars 2020 et le 21 mai 2021, le Coronavirus Job Retention Scheme (CJRS) a permis de soutenir 11,5 millions de salariés placés en chômage partiel pour un coût de 64 milliards de livres sterling[6]. En ce qui concerne les politiques éducatives, le gouvernement a notamment confié à des entreprises privées la distribution des repas gratuits aux élèves des familles défavorisées et la mise en place d’une initiative permettant à ces derniers de rattraper le retard scolaire accumulé pendant les confinements[7]. Dans le secteur de la santé, on constate logiquement un très grand nombre d’annonces, de décisions et de mises en place de mesures visant à lutter contre l’épidémie depuis le début de la crise. Si elles sont trop nombreuses pour toutes les citer ici, on retiendra la mise en place du programme « Track and Trace » dès avril 2020[8], le lancement de l’application « NHS Covid-19 » en mai 2020 et le démarrage du programme de vaccination anti-Covid à partir de décembre 2020. La prise de décision et la mise en œuvre de ces politiques publiques se sont effectuées essentiellement à l’échelle des nations, la santé étant un domaine dévolu au Royaume-Uni.

Dans ce contexte, ce colloque international et pluridisciplinaire se penche sur l’action publique au Royaume-Uni, c’est-à-dire tant sur les politiques publiques propres à cette crise que sur les enjeux politiques dont elles sont indissociables. Quels effets la crise a-t-elle eu sur les inégalités socio-économiques, entre territoires et entre individus, et dans quelle mesure l’intervention gouvernementale a-t-elle accentué ou atténué celles-ci ?

Plus précisément, quelles politiques publiques ont-elles été mises en place pour contrer la propagation de l’épidémie et ses conséquences sociales et économiques ? Constituent-elles une rupture avec les priorités et orientations politiques pré-pandémie ? Dans quelle mesure le gouvernement a-t-il coordonné son action avec celles d’autres pays – notamment de ses voisins au sein de l’UE que le Royaume-Uni avait quittée récemment ? A une autre échelle de pouvoir, dans quelle mesure le gouvernement britannique a-t-il consulté et agi de concert avec les gouvernements des nations constitutives du Royaume-Uni, l’Écosse, le pays de Galles, l’Irlande du Nord, ainsi qu’avec les régions anglaises et les autorités locales ? Quelles différences (ou convergences) sont apparues entre les politiques menées par ces différentes nations/régions pour lutter contre l’épidémie ?

Ce projet se place dans le cadre de travaux collaboratifs menés par un groupe de chercheurs appartenant à PLEIADE (UR 7338) ainsi qu’à d’autres laboratoires de recherche spécialisés en études du monde anglophone, dont CREW (UR 4399, Sorbonne Nouvelle), IMAGER (UR 3958), CAS (UR 801) et Sciences Po Lille. La plupart de ces chercheur.e.s sont regroupés au sein du Groupe de Recherches et d’Analyses des Politiques Sociales Britanniques (GRASP[9]). De plus, ce projet fait suite au colloque consacré aux inégalités en Grande-Bretagne organisé par CREW et PLEIADE en 2015.

Au sein de PLEIADE/Campus Condorcet, le projet sera porté principalement par Anémone Kober-Smith, spécialiste des politiques de santé et des inégalités sociales au Royaume Uni. Le projet a pour vocation de rassembler des spécialistes français et britanniques travaillant dans le domaine de l’État providence, des inégalités sociales et de santé et de la pandémie de Covid-19 et pourra mener à d’autres projets collaboratifs.

Divers axes d’étude pourront être abordés dans les communications, dont :

–  L’impact de la crise épidémique en termes d’inégalités sociales, spatiales et de santé, sur la base de variables de classe, de genre, d’ethnicité, d’âge…

–  La place de l’État dans la lutte contre la pandémie, le périmètre de l’action publique ; les nouveaux acteurs et leur rôle ;

– Le gouvernement face à l’épidémie : enjeux, stratégies, actions, nouvelles orientations, résultats ;

  • La gestion de l’épidémie aux différentes échelles de pouvoir (national, régional, local) : articulations, interactions, alliances, oppositions, évolution au fil du temps ;
  • L’impact de l’épidémie sur les institutions et secteurs de l’Etat-providence, dont le National Health Service au premier plan ;
  • L’enjeu et les conséquences de la privatisation partielle/totale de domaines d’intervention de l’action publique face à l’épidémie, comme le système « test and trace » et la campagne de vaccination ;
  • L’opposition aux politiques gouvernementales (experts scientifiques dont les avis divergent de la ligne gouvernementale ; mouvements anti-confinement, anti-masques, anti-vaccins etc.) ;
  • Les leçons à tirer de la gestion de l’épidémie au Royaume-Uni et/ou au niveau des nations, éventuellement comparé à d’autres pays ou régions.

Ce colloque international se tiendra au Centre de colloques, Campus Condorcet, Aubervilliers, France, les jeudi 29 et vendredi 30 septembre 2022.

Comité d’organisation :

Anne Beauvallet (Université Toulouse Jean-Jaurès), Clémence Fourton (Sciences Po, Lille), Sabrina Juillet-Garzon (Université Sorbonne Paris Nord), Anémone Kober-Smith (Université Sorbonne Paris Nord), Corinne Nativel (Université Paris Est Créteil), Rose-May Pham Dinh Université Sorbonne Paris Nord).

Comité scientifique :

Anne Beauvallet (Université Toulouse Jean-Jaurès), Stéphanie Condon (INED), Paul Copeland (Queen Mary University, Londres), Daniel Edmiston (University of Leeds), David Fée (Université Sorbonne Nouvelle), Clémence Fourton (Sciences Po, Lille), Anémone Kober-Smith (Université Sorbonne Paris Nord), Mhairi Mackenzie (University of Glasgow), Gemma Moss (University College London), Corinne Nativel (Université Paris Est Créteil), David Robinson (University of Sheffield)


[1] Joseph Stiglitz, Evaluating the US policy response to Covid-19, May 2020, INET. https://www.ineteconomics.org/uploads/general/INET-Stiglitz-Webinar-Evaluating-the-US-Policy-Response-to-COVID-19.pdf

[2] Nombre de décès confirmés causés par la covid-19 par million d’habitants et par pays au 14 juillet 2021. https://ourworldindata.org/grapher/total-confirmed-deaths-of-covid-19-per-million-people-vs-gdp-per-capita?tab=table

[3] Soit 52,4 doses de vaccin injectées pour 100 individus, contre 44,9 aux Etats-Unis et 16,4 dans l’UE. Our World in Data. 1 avril 2021.

[4] Au 14 juillet 21 pour le Royaume-Uni, l’Allemagne et Israël et au 12 juillet pour la France. https://ourworldindata.org/grapher/share-people-fully-vaccinated-covid?country=FRA~DEU~ISR~ITA~GBR

[5] HCLG, Protecting the Homeless and the Private Rented Sector: MHCLG’s response to Covid -19. https://committees.parliament.uk/publications/5342/documents/53217/default/

[6]  Powell, Andy & Francis-Devine, Brigid, « Coronavirus Job Retention Scheme : statistics », House of Commons Library Research Briefing 9152, 4 juin 2021.

[7] Edenred, Comptroller and Auditor General, Investigation into the free school meals voucher scheme, National Audit Office, December 2020, https://www.nao.org.uk/wp-content/uploads/2020/12/Investigation-into-the-free-school-meals-voucher-scheme.pdf; John Roberts, “Catch-up tutoring to be led by private outsourcing firm”, Tes, 2 June 2021.

[8] Michael Calnan, “Health policy and controlling Covid-19 in England : Sociological insights”, Emerald Open Research, 2020 :2 :40. doi: 10.35241/emeraldopenres.13726.2

[9] https://grasp.hypotheses.org/

PROGRAMME

Date

29 - 30 Sep 2022
Expired!

Heure

09:00 - 17:00

Étiquettes

Colloques

Lieu

Campus Condorcet
Catégories

Organisateur

Anémone Kober-Smith
Site Web
https://pleiade.univ-paris13.fr/profil/anemone.kober-smith/