Soutenance de thèse d’Abidine Koukpéré : « Les parcs agroforestiers au Nord du Bénin : Dynamique d’un agroécosystème face aux changements socio-environnementaux »
Elle se tiendra :
- Le mercredi 14 décembre à 14h à l’Université Sorbonne Paris Nord (USPN),
- Campus de Villetaneuse (Université Paris 13), 99 Av. Jean Baptiste Clément, 93430 Villetaneuse
- Salle D204
Devant un jury composé de :
Julien ANDRIEU, Maître de conférences HDR, Université de Nice, UMR ESPACE, Rapporteur
Bénédicte THIBAUD, Professeure, Université Bordeaux-Montaigne, UMR LAM, Rapporteure
Frédéric ALEXANDRE, Professeur émérite, Université Sorbonne Paris Nord, UR Pléiade, Codirecteur
Catherine MERING, Professeure émérite, Université de Paris Cité, UMR LIED, Codirectrice de thèse
Céline BROGGIO, Professeure, Université Sorbonne Paris Nord, UR Pléiade, Examinatrice
Géraud MAGRIN, Professeur, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, UMR PRODIG, Examinateur
Brice A.H. TENTE, Professeur, Université d’Abomey-Calavi, Examinateur
Jean-Étienne BIDOU, Chercheur associé, UMR LAM, Invité.
RÉSUMÉ DE LA THÈSE
L’agriculture sous parcs agroforestiers demeure le système de production dominant au Nord du Bénin et forme un paysage rural original dans lequel un semis d’arbres de plein champ est associé à un espace agricole ou pastoral, donnant ainsi un agroécosystème dont les fonctions environnementale, économique et sociale forment un système de production durable. Cependant, au cours des dernières décennies, les milieux ruraux ont connu des transformations dues à des changements à la fois politiques, démographiques, sociaux, économiques et environnementaux. Afin d’appréhender et de comprendre les effets de ces changements sur l’évolution des parcs, cette thèse a étudié la dynamique des trajectoires des terroirs agroforestiers au nord du Bénin en s’appuyant sur la cartographie des changements de l’utilisation des sols à partir d’images à haute résolution, ainsi que des observations et des enquêtes de terrain. Ces dernières ont permis de confronter l’analyse objective de ces dynamiques aux perceptions qu’en ont les habitants, en se basant sur l’analyse des discours issus de ces enquêtes.
Le premier enseignement de l’analyse cartographique est la mise en évidence d’une rupture dans la pratique fondée sur le cycle culture-jachère longue dans les systèmes de production. Ce phénomène, assez généralisé, est la conséquence de l’extension de terres cultivées pour répondre aux besoins de la population rurale en produits vivriers, ce qui a aussi nécessité le maintien en permanence des cultures, du fait de la pénurie de terres disponibles. Les dynamiques des parcs agroforestiers mises en évidence montrent une divergence dans la trajectoire et la gestion des systèmes agroforestiers dans les différentes parties de la région étudiée, suivant que l’on se situe dans les terroirs agricoles qui ont peu bougé, dans le bassin cotonnier, ou sur les fronts pionniers. Les parcs agroforestiers reculent ou sont altérés par la progression à la fois des cultures vivrières et des cultures de rente comme le coton ou l’anacardier.
Les dynamiques agricoles observées et les paysages agroforestiers actuels répondent à de nouveaux enjeux sociaux, économiques, politiques et environnementaux, mais les réponses des sociétés rurales deviennent très dépendantes de l’évolution du marché mondial de certains produits (coton, noix de cajou, noix de karité, principaux produits d’exportation en termes de devises). Le maintien du système agricole extensif comme celui des parcs agroforestiers se heurte à la croissance démographique qui augmente les densités rurales, malgré l’exode vers les villes, et réduit les espaces cultivables nécessaires à l’entretien des parcs notamment pour le maintien des arbres dans les champs. La vulnérabilité des systèmes agroforestiers peut être relativisée car, à côté de la volonté des populations d’exploiter les agroécosystèmes en les reconfigurant, l’analyse des discours a permis de restituer la place qu’occupe l’arbre dans l’imaginaire et la réalité vécue par les populations. Il continue à rester un allié sûr pour les communautés villageoises du Nord du Bénin qui l’estiment toujours indispensable pour subvenir à beaucoup de leurs besoins.