La revue Itinéraires. Littératures, textes, cultures se propose de réaliser un numéro consacré aux ethos numériques, dont la parution est prévue en juin 2015.

Les propositions de contribution (1500 signes) sont à renvoyer avant le 1er juillet 2014.

Les articles (30 000 signes) seront à rendre fin décembre 2014.

 

Présentation du projet

Sites, blogs, tweets, pages de réseaux sociaux professionnels ou personnels, plateformes spécialisées dans le partage de photographies ou de vidéos sont autant d’espaces médiatiques où sont façonnées et s’exposent nos identités. Offertes au tout-venant ou réservées à des happy-fews (un groupe, un réseau, des followers), publiées dans un élan de sincérité débridée ou gardées sous contrôle, habilement consolidées ou subtilement décentrées, celles-ci ne sauraient sortir inchangées de ce bain kaléidoscopique.

La notion d’ethos nous semble à même d’articuler les différents aspects de cette présentation de soi, et d’explorer les spécificités de son inscription numérique. En effet, même si l’image de soi n’a pas attendu internet pour s’affirmer comme un carrefour obligé entre pratique discursive, désir d’influence et représentations sociales, la médiation numérique, parce qu’elle constitue un environnement polymorphe, lui offre de nouvelles ressources lorsqu’il s’agit de se réinventer – multiplication des espaces et modes de présentation, élargissement de l’auditoire, généralisation du polylogue, évolution en temps réel, nécessité de publier pour exister, multimédialité des supports, effets d’autorité et de mise en réseau, etc.

Dans cet environnement communicationnel complexe, la notion d’ethos permet de dégager plusieurs pistes qu’il nous semblerait fructueux de suivre.

Tout d’abord, dans la lignée de la rhétorique aristotélicienne, qui fait de l’ethos une image de l’orateur suffisamment digne de confiance pour renforcer sa crédibilité discursive, il serait possible d’étudier les projets qui visent à montrer ou à créer une telle image dans des environnements numériques divers. Le souci d’accroître sa visibilité professionnelle, la capacité à endosser un rôle de prescripteur, la volonté de tenir un discours engagé ou le désir de popularité se caractérisent par la condensation des données identitaires en un ethos efficient. Selon les situations de communication étudiées, la triade aristotélicienne (prudence, sincérité, bienveillance) risque certes d’être quelque peu malmenée, mais c’est sans doute la condition d’une réflexion sur l’évolution de nos critères d’adhésion.

Un même souci de se confronter aux spécificités de la communication en ligne pourrait passer par une attention portée aux dispositifs, technologiques et communicationnels, qui nous incitent – parfois sous forme d’injonctions inscrites dans les outils –  à nous construire un ethos, au risque de le formater ou de le déformer : profils, pseudos, blogroll, commentaires, demandes d’avis et de recommandation, compteurs de visites, d’amis ou de followers, mesure d’influence, top ten de statuts, etc. semblent conditionner à des degrés divers l’adoption de postures, voire de rôles types qui restent à définir (censeur, prescripteur, lanceur d’alerte, observateur narquois, etc.), dont la scénographie familière accompagne nos déambulations sur le net.

L’environnement numérique produit ainsi des ethos sous influence, dont la recomposition au fil des circonstances signale la malléabilité. Commentaires et polylogues mettent en évidence le caractère extrêmement pointilliste et instable de ces négociations identitaires, qu’elles s’effectuent sur le mode de la collaboration ou de la confrontation. Ces situations montrent à quel point l’ethos numérique relève d’un travail de co-construction. Et ce, d’autant plus que ces débats prennent sens sur fond d’imaginaire collectif (normes, attentes, stéréotypes, antiethos), replaçant l’émergence d’identités individuelles dans le maillage serré des représentations collectives.

Dans ces conditions, il n’est pas rare que l’ethos prenne ses distances avec le moi véritable : avatars et pseudos, postures théâtralisées, feintes et dérobades dessinent tout un espace tendu entre la manipulation et le jeu. La création littéraire se plaît à ces entre-deux. Et lors même que l’intéressé plutôt vise à se tendre un miroir où mieux se reconnaître, la disponibilité généralisée de journaux en ligne, de blogs, de profils plus ou moins élaborés, hante et modèle sa propre introspection, l’amenant à se situer par rapport à cette production, qu’il s’agisse de s’y fondre, de s’y faire reconnaître ou de s’en distinguer, posant en d’autres termes la question lancinante de la sincérité.

Le régime numérique favorise, en ce qu’il fait écran autant qu’il relie, une projection de soi propice aux modalisations et aux modélisations de l’identité. Son rapport aux traces, à la mémoire, ainsi que l’accessibilité immédiate des données qu’il permet renforce en outre la part prédiscursive de l’ethos. Loin de se construire uniquement dans l’instantanéité de l’échange numérique, l’ethos s’inscrit dans le temps plus long de l’e-reputation. Particuliers, entreprises, marques et institutions fonctionnent à ce titre selon des principes communs. Compter ses visites, ses followers, se faire remarquer en divers points de la toile, construire son réseau, agir sur une communauté de “contacts”, d’ “amis”, de lecteurs, formuler des recommandations, mesurer son pouvoir d’influence, sont autant de manières de renforcer et de cristalliser un ethos que le flux du web tend à disperser. Cette éventualité d’une stabilité, d’une durée dans l’univers mouvant du net apparaît d’ailleurs comme une condition pour réinstaurer, au royaume du peer to peer, une hiérarchisation, une axiologie sans laquelle il n’est plus d’influence possible, et dont l’ethos apparaît comme le principal point d’ancrage.

 

Quelques pistes :

1. Ethos et identité (sincérité, transparence, masque, rôle, présentation de soi)

2. Théâtralité, postures, scénographies, corporalité

3. Réception, négociation, réfutation de l’ethos perçu

4. Dimension axiologique de l’ethos – autorité, prescription, morale

5. Ethos et création littéraire, artistique (fiction, narration, représentation)

6. Ethos local/global (avatars, stratégies, multimedialité, e-réputation)

7. Ethos collectifs (collaboratifs, institutionnels, marketing)

8. Ethos (pré)contraints (dispositifs techniques, cadre communicationnel, genres, pression sociale)

9. Accidents de l’ethos (malentendu, harcèlement, détournement)

10. Usages de l’ethos (visées, modalités d’action, instrumentalisation)

11. Typologie des ethos

sous la direction de Claire Parfait et Marie-Jeanne Rossignol

Avec le « récit d’esclave », le cinquième numéro de la Revue du Philanthrope aborde un sujet qui, presque exclusivement étudié aux États-Unis jusqu’à une période récente, mobilise aujourd’hui fortement tous les chercheurs qui sont désireux d’investir les études sur l’esclavage dans le monde atlantique. Trois parties composent ce volume. Après avoir mis en perspective le corpus de sources sur lequel s’appuient les recherches sur le « récit d’esclave » et montré leur évolution, des études de cas choisies parmi les textes les plus célèbres produits aux États-Unis (les récits de Sojourner Truth, de Salomon Northup et des époux Crafts) mettent en évidence les acquis épistémologique et méthodologique liés aux investigations dans ce champ de recherche novateur. La dernière partie du numéro s’achève par une incursion dans les espaces coloniaux anglophone, hispanophone et lusophone qui furent marqués par l’importance du fait esclavagiste au XIXe siècle.

Références

201 p.
ISBN : 979-10-240-0181-4
ISSN : 2272-8147
Commandes : en librairies par FMSH-CID diffusion, lcdpu.fr, purh.univ-rouen.fr
Renseignements : 02 35 14 65 31 ou purh@univ-rouen.fr

Ont contribué à ce volume

Lucia BERGAMASCO
Laurence COSSU-BEAUMONT
Sandrine FERRÉ-RODE
Rahma JERAD
Jean-Pierre LE GLAUNEC
Françoise PALLEAU-PAPIN
Claire PARFAIT
Aderivaldo RAMOS DE SANTANA
Claudine RAYNAUD
Matthieu RENAULT
Marie-Jeanne ROSSIGNOL
Michaël ROY
Ada SAVIN

sous la direction de Valérie Capdeville et Éric Francalanza

Ce troisième volume de la Collection ‘Transversales’ (dirigée par Annick Cossic-Péricarpin) constitue le troisième volet des travaux de spécialistes des études sur le dix-huitième siècle français et britannique. Dans le cadre d’un projet de la Maison des Sciences Humaines de Bretagne (MSHB), « La sociabilité en France et en Grande-Bretagne au Siècle des Lumières : l’émergence d’un nouveau modèle de société », ces chercheurs tentent de redéfinir les modes opératoires de la sociabilité pour chacune des deux nations, à partir de sources célèbres ou méconnues, et s’interrogent sur la réalité de la supériorité du modèle français de sociabilité.

La notion d’espace, dans ses acceptions diverses, sert de trame théorique à ce recueil dans lequel les espaces de sociabilité sont envisagés selon plusieurs angles d’analyse.

de Quentin Deluermoz

La période 1848-1871 est marquée par deux nouvelles révolutions, tout à la fois singulières et bai-gnées du souvenir de 1789-1793, dans une Europe en pleine transformation. La Révolution, qui paraissait unique dans l’histoire, semble ne pouvoir cesser de se rejouer. Pourtant, ces réitérations, ces ruptures, ces réarrangements incessants forgent une culture postrévolutionnaire plus discrète mais qui, en l’ac-coutumant au suffrage universel et à la proclamation des libertés civiles modifient le cadre sociopoli-tique du pays et le feront basculer dans la Répu-blique parlementaire.

Le Crépuscule des révolutions, 1848-1871, Paris, « Histoire de France Contemporaine », t. 3, Seuil, Univers historique, 2012.

Réed. Le Crépuscule des révolutions 1848-1871, Paris, HFC, Point seuil, 2014

Comptes-rendus

> G. Candar, « La pénible naissance d’une République bourgeoise », L’Humanité, 24. 10. 2012, (http://www.humanite.fr/tribunes/la-penible-naissance-de-la-republique-bourgeoise-507025)

> « 1789, et après ? », L’Histoire, jan. 2013

> R. Tombs, Revue d’histoire du 19e siècle, 47, 2013 (http://rh19.revues.org/4642)

> P. Pilbeam, H-France review vol. 13, http://www.h-france.net/vol13reviews/vol13no106pilbeam.pdf)

Comptes-rendus des trois premiers volumes de la collection (dont l’ouvrage)

> J.-G. Soumy, « Histoires de l’histoire », Le Populaire du Centre, 7.12.2012

> M. Bouyssy, « Une nouvelle génération d’historiens », La Quinzaine littéraire, n° 1073, dec. 2012

> S. Sawyer, « Ces nations façonnées par les empires et la globalisation » Annales HSS, 2014/1, p. 117-137 (http://www.cairn.info/mon_panier.php?ID_ARTICLE=ANNA_691_0117)

> R. Gildea, « Une nouvelle histoire de la France au 19e siècle », Revue Historique, 2014/2, 670, (http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RHIS_142_0369)

> T. Kroll, « Französische Nationalgeschichte schreiben heute? Überlegungen zur « Histoire de la France contemporaine » Neue Politische Literatur 2013/3, 58, p. 365-375

À propos de l’auteur

Quentin Deluermoz est Maître de conférences à l’Université Paris 13, SPC et membre de l’Institut universitaire de France, il a publié notamment Policiers dans la ville. La construction d’un ordre public à Paris, 1854-1914 (Publications de la Sorbonne, 2012).

de Marc Kober

No 5. 2014. 1 vol., 392 p.

Cet ouvrage met en lumière l’éclat de la ténuité dans les récits de Georges Henein. La poétique développée par le conteur se traduit par l’importance de la symbolique du temps et par la recherche ontologique des personnages dans un monde soumis à l’herméneutique. Le rythme des images suit des analogies musicales proches de celles du Jazz-hot, soit l’improvisation comme mode de création continue. Car les récits sont le lieu où se rejoue le conflit de l’être et du temps. L’idée est que ces récits sont un moyen précis d’effectuer une présence tissée d’absence. Chez Georges Henein, ils sont le terme d’une réflexion sur l’être et sur la condition humaine. L’ouvrage démontre comment la poétique de la ténuité vient apporter une solution d’ordre littéraire et esthétique aux relations conflictuelles et dialectiques de l’être avec le temps.

Références

ISBN : 978-2-7453-2799-4

À propos de l’auteur

Marc Kober est enseignant-chercheur en littérature française et comparée à l’Université Paris 13-Sorbonne Paris Cité.

sous la direction de Anne Étienne et Agathe Torti-Alcayaga

Ce numéro contient deux pièces inédites en français de Julia Pascal et Arnold Wesker, ainsi qu’un entretien entre les deux auteurs.

Sommaire

Avant-propos, Susan BLATTES
Introduction, Anne ÉTIENNE et Agathe TORTI-ALCAYAGA
Arnold Wesker, Shylock
texte français d’Anne ÉTIENNE et Raymond GARDETTE
Julia Pascal, Le Marchand de Venise : La Pièce de Shylock
Texte français d’Agathe TORTI-ALCAYAGA
Interview between Arnold Wesker and Julia Pascal
conducted by Anne ÉTIENNE for RADAC
Traduction française de l’entretien entre Arnold Wesker et Julia Pascal
Texte français d’Anne ÉTIENNE et Agathe TORTI-ALCAYAGA

sous la direction d’Anne Coudreuse et de Stéphanie Genand

Si l’œuvre de Sade, jadis clandestine, occupe aujourd’hui une place spectaculaire dans la critique, cette consécration, à la fois philosophique, éditoriale et esthétique laisse paradoxalement dans l’ombre la place problématique qu’y occupent les femmes. L’enjeu dépasse pourtant la scène biographique. Omniprésentes comme personnages, mais aussi comme objets de discours et de savoirs, les figures féminines saturent un corpus où leurs histoires, jointes aux réflexions politiques sur leur place au sein de la cité, invitent à dépasser le spectacle de leurs souffrances. Que cache l’aveuglant diptyque qui oppose Justine à Juliette ? La question, qui valorise les modèles « amphibies » et les nuances d’une représentation complexe du féminin, concerne aussi la place singulièrement dévolue à la lectrice de Sade : de l’hypothèse d’une agression à l’élaboration d’une réflexion de genre sur l’identité féminine, la réception sadienne reste un théâtre complexe où résonne, derrière la voix d’un auteur hanté par la mère et la jeune fille, le trouble d’un univers où masculin et féminin inversent épisodiquement leurs prérogatives. À l’occasion du bicentenaire de la mort du Marquis (1814-2014), « Sade et les femmes » explore un territoire méconnu de sa postérité.

Références

220 p.
ISBN : 978-2-343-02712-8
ISSN électronique : 2427-920X

Commander ce numéro

sous la direction de Anne Coudreuse et de Catriona Seth

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En quoi y aurait-il une spécificité du regard et du vécu des femmes en matière de temps, et quelles traces en trouve-t-on dans les textes mémoriels qu’elles sont nombreuses à rédiger dans toute l’Europe, dans différents milieux et avec des buts divers, au XVIIIe siècle ? À partir de recherches originales, menées dans des fonds publiés et manuscrits, par des collègues de différents pays européens, des plus grands spécialistes comme Philippe Lejeune à des chercheurs en début de carrière, ce collectif offre un angle d’approche inédit sur les Lumières au féminin et éclaire d’un jour nouveau un aspect essentiel de l’écriture de soi.

ISBN : 978-2-8124-3023-7

d’Ivan Jablonka

“L’histoire n’est pas fiction, la sociologie n’est pas roman, l’anthropologie n’est pas exotisme, et toutes trois obéissent à des exigences de méthode. À l’intérieur de ce cadre, rien n’empêche le chercheur d’écrire. La littérarité des sciences sociales ne renvoie pas à une technique, mais à un choix : le chercheur est placé devant une possibilité d’écriture. Concilier sciences sociales et créativité littéraire, c’est tenter d’écrire de manière plus libre, plus originale, plus juste, plus réflexive, non pour relâcher la scientificité de la recherche, mais au contraire pour la renforcer.

Réciproquement, une possibilité de connaissance s’offre à l’écrivain : la littérature est douée d’une aptitude historique, sociologique, anthropologique. Les écrits du réel – reportages, enquêtes, récits de vie, témoignages – forment une littérature ouverte sur le monde, traversée par des raisonnements, désireuse non seulement de représenter le réel, mais de le comprendre. Écrire pour dire du vrai.

Comme l’histoire peut être une littérature contemporaine, la littérature a quelque chose d’une histoire contemporaine ; et l’on pourrait dire la même chose des autres sciences sociales. Il y a là des perspectives nouvelles pour le siècle qui s’ouvre.”

Références

339 pages
ISBN : 978-2-02-113719-4

Revue de presse

À propos de l’auteur

Ivan Jablonka est professeur d’histoire à l’université de Paris 13. Il a notamment publié Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (Seuil, 2012 Prix du Sénat du livre d’histoire, Prix Guizot de l’Académie française, Prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de l’histoire de Blois).