TITRE :
« Analyser la disponibilité de l’information géographique numérique dans les enjeux de suivi et de gestion du trait de côte. Applications aux cas breton (France) et québécois (Canada) », [En ligne], https://theses.hal.science/tel-03669066

DIRECTION DE THESE :
Françoise Gourmelon (CNRS –UMR LETG) & Christophe Claramunt (Institut de Recherche de l’Ecole Navale)

RESUME :
     Les zones côtières sont des territoires d’interface sujets à une reconfiguration permanente (recul du trait de côte, subsidence des sols, érosion de la biodiversité et des paysages) qui concentrent de nombreux enjeux et dont le devenir est particulièrement lié à la problématique des changements globaux tels que l’élévation du niveau marin (Nicholls & al., 2016). Dans le cadre des politiques publiques ayant trait à la gestion des territoires littoraux, le besoin d’informations et de connaissances sur l’environnement côtier (dynamique du trait de côte, érosion de la biodiversité, aléas météo-marins) accessibles sur le Web est décrit comme un enjeu majeur par les pouvoirs publics français et québécois.
Ce travail de recherche soulève une problématique encore peu appréhendée en géographie de l’environnement.
Alors que l’information géographique numérique est communément décrite comme un support indispensable à l’instrumentation de l’action publique (Lascoumes & Le Galès, 2005 ; Mol, 2008 ; Gautreau, 2018), sa représentation au sein d’artefacts techniques numériques (infrastructures de données géographiques, API, plateformes de données ouvertes) ainsi que les logiques et les stratégies relatives à son accès restent encore assez méconnues. Par ailleurs, si les discours performatifs sur la mise à disposition et le décloisonnement technique et numérique des données environnementales sont croissants, la question de leur visibilité et de leur disponibilité demeure sous-évaluée dans les travaux récents en géographie et en géomatique.
C’est pourquoi ce travail de thèse aborde et réinterroge à travers une double approche méthodologique (sociologie de l’action publique, géomatique) et critique les concepts de disponibilité et de patrimoine géoinformationnel sur le Web dans des contextes territoriaux, sociopolitiques et environnementaux différenciés (littoraux bretons en France et québécois au Canada).
Dans un premier temps, nous explorons les conditions structurelles des accès à l’information géographique numérique dans l’écosystème informationnel qu’est le Web. Cette étape est permise par l’analyse statistique des différents éléments constitutifs des parcours de consultation sur les sites Web d’un corpus d’infrastructures de données dédiées aux territoires côtiers. Ce premier volet s’appuie sur le recours à une méthodologie mixte à travers la réalisation d’entretiens semi-directifs et de méthodes de recherche et d’analyse dites numériques (humanités numériques).
Dans un second temps, la thèse s’intéresse à l’influence de l’instrumentation de l’action publique territoriale et environnementale (zonages de protection, de risques, documents d’aménagement et de planification du territoire, etc.) sur le régime de la fabrique et de la circulation de l’information géographique numérique. Cette étape est caractérisée par l’analyse et la représentation des contenus des infrastructures de données géographiques.
Les traces (métadonnées) laissées par les ‘produsers’ (Budhathoki et al., 2008) sur ces dispositifs sont des matériaux indispensables à la compréhension des mécanismes de circulation de la donnée environnementale. L’étude approfondie de ces métadonnées permet de mettre en lumière des effets d’inégalités de répartition et d’asymétrie dans la couverture organisationnelle, thématique et spatiale des données géographiques qui circulent sur les dispositifs institutionnels.