Université généraliste située en Île de France, Paris 13 accueille un public étudiant socialement, géographiquement et linguistiquement très divers. Pourtant, les caractéristiques sociales de ce public sont méconnues par ceux-là mêmes qui enseignent à ces étudiants des outils d’analyse critique et, particulièrement dans l’UFR LLSHS, des outils d’analyse des phénomènes sociaux et historiques. Outre son enjeu descriptif, prendre comme objet les étudiants de Paris 13 a également un enjeu pratique pour l’élaboration de notre offre de formation. La journée d’étude « Diversité et dynamiques : les étudiants de Paris 13, approches pluridisciplinaires » propose de rapprocher les analyses de différentes sciences sociales sur le public de l’université Paris 13. Qui sont nos étudiants ? Où vivent-ils ? Quelles langues ou variétés de langues parlent-ils ? Quelles sont leurs trajectoires, leurs aspirations ? Les différentes disciplines convoquées rencontreront des questions principielles comparables : rendre compte de la diversité des situations et établir des typologies ou des cartographies ; décrire les dynamiques (sociales, géographiques ou linguistiques) ; distinguer les catégorisations objectives (étiques) et les catégorisations construites par les étudiants dans leurs pratiques ou leurs discours (émiques). L’observation attentive permettra peut-être de proposer d’autres catégories d’analyse que les traditionnelles oppositions entre Paris et banlieue, territoire défavorisé et territoire favorisé.
Organisateurs
- Pauline Haas (Paris 13 / UMR 8094 LATTICE / EA 7338 Pléiade)
- Sylvain Loiseau (Paris 13 & UMR 7107 Lacito)
- Frédéric Alexandre (Paris 13 / EA 7338 Pléiade)
Documents
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Résumés des communications
- Daniel Verba (Sociologue, Vice-président des relations internationales, U. P13, IRIS UMR 8156) : « Un enjeu majeur de la gouvernance des universités : mieux connaître nos étudiants »
La double logique de mondialisation et de territorialisation de l’enseignement supérieur nous oblige à mieux connaître nos étudiant(e)s, à la fois dans leurs dispositions linguistiques, sociales, culturelles, religieuses…mais aussi dans leurs parcours. Les universités doivent donc mettre leurs recherches au service de cette connaissance en ajustant leurs politiques scientifiques et d’enseignement aux générations d’étudiant(e)s qu’elles reçoivent en raison notamment de mutations importantes dans le rapport aux outils technologiques de communication, aux savoirs et à l’autorité académique. En m’appuyant sur mon expérience de directeur d’institut, de vice-président en charge des relations internationales et de tout récent référent “racisme-antisémitisme-homophobie”, j’essaierai brièvement de montrer tout l’intérêt de mener des enquêtes sur nos étudiants et notamment sur leurs pratiques linguistiques.
- Daniel Guillaume (IA-IPR de Lettres, Rectorat de Créteil, Responsable du CASNAV, Mission Maitrise de la langue) : « Éléments pour une identité des étudiants en Seine-Saint-Denis : lycées, langues et cultures »
Les étudiants arrivant en première année d’université dans le 93 se trouvent pour beaucoup, et souvent plus qu’ailleurs, dans un certain désarroi intellectuel et identitaire au sein de l’institution universitaire, à proportion même de la richesse dont ils peuvent par ailleurs être porteurs. L’intervention proposera de rapides éléments pour une carte d’identité du bachelier de Seine-Saint-Denis : qu’est-il supposé savoir et que constate-t-on de fait ? Sur quel rapport à la langue et au savoir se construit son parcours d’étudiant ? Une attention particulière sera accordée aux lycéens dont l’arrivée en France et l’apprentissage du français ont eu lieu en cours de scolarité.
- Hanane Amrouche, Cyria Igui & Siham Kassa (Master SDL, U. P13) : « Conception, passation et codage d’un questionnaire sociolinguistique : retour d’expérience »
Nous avons mené une enquête sur les profils sociolinguistiques des étudiants de L1 de différentes formations à Paris 13. Le but de cette étude est de savoir quelles sont les langues que parlent les étudiants et dans quelles circonstances, et de connaître la diversité et la richesse des parcours sociolinguistiques des étudiants. Dans cette communication nous proposons un compte-rendu de la conception, de la passation et du codage d’un questionnaire sociolinguistique. Nous allons évoquer trois points : l’objectif de notre enquête, l’administration concrète du questionnaire et enfin son dépouillement.
- Pauline Haas (U. P13 & UMR 8094 Lattice & EA 7338 Pléiade) & Sylvain Loiseau (U. P13 & UMR 7107 Lacito) : « Une enquête sociolinguistique : visée cartographique et difficultés métrologiques »
La faible maîtrise du français standard des étudiants fait l’objet d’un lancinant (et éternel) regret de la part du corps enseignant. Des programmes de remédiations linguistiques sont régulièrement mis en place, mais ceux-ci ne se fondent sur aucun diagnostique concernant les langues que parlent nos étudiants. Dans cette communication nous proposons une première analyse d’un questionnaire sociolinguistique proposé aux L1 de plusieurs formations de l’UFR LSHS avec l’aide de trois étudiantes de Master. L’objectif est de dresser une cartographie des parcours, des pratiques et des profils sociolinguistiques des étudiants. Derrière une même distance au français standard se cachent des situations différentes : maîtrise d’autres variétés régionales (du monde francophone) ; francophonie orale et alphabétisation tardive en français (après une alphabétisation dans une autre langue) ; maîtrise d’autres sociolectes ; situation d’interlangues, etc. Cette enquête nous permettra de prendre la mesure de la diversité linguistique – et de sa richesse – parmi les étudiants de L1.
- Thierry Rentet (Université Paris 13 & EA 7338 Pléiade) : « Remédiation : un bien nécessaire à Paris XIII et au-delà »
A partir du constat qu’il existe un décalage croissant entre les attentes des enseignants et celles des étudiants, l’UFR LLSHS a instauré, depuis 2015, le projet AMAMUS. Un premier bilan peut être présenté pour la première année de Licence des départements d’Histoire et de Géographie, reposant à la fois sur la méthodologie mise en œuvre et sur son impact auprès des étudiants. Mais le cas de Paris XIII n’est pas isolé. Réflexions, problématiques et solutions alternatives sont mises en place dans d’autres pays, notamment au Brésil.
- Frédéric Alexandre (Géographe, Paris 13, EA 7338 Pléiade) : « Paris 13, université de la banlieue nord et du monde francophone : évolution sur la décennie 2009-2019 de l’origine géographique des étudiants »
Une étude menée en 2010*, à l’occasion des quarante ans de la création de l’Université Paris 13 sur l’ensemble des inscrits en première année de licence de l’établissement montrait le rôle prépondérant joué par l’Université sur son territoire du nord de la banlieue parisienne, s’étendant du nord-ouest de la Seine-Saint-Denis (CA Plaine Commune et Est Ensemble) et au sud-est du Val d’Oise (CA Val de Montmorency et Roissy Plaine de France). Ressortait également l’accueil d’un grand nombre d’étudiants étrangers originaires de pays hors Union européenne. Cette identité forte se constate-t-elle encore en 2019 ? L’objectif de cette communication sera de le vérifier, en se concentrant sur les étudiants inscrits dans l’UFR LLSHS, en licence, mais aussi en master.
* ALEXANDRE F., 2011. – Cartographie du recrutement de l’Université Paris 13, in J. GIRAULT, J.-C. LESCURE, ET L. VADELORGE éds., Paris 13. Histoire d’une université en banlieue (1970-2010), Paris, Berg International.
- Vanessa Castejon & Mathilde Lévêque (U. P13 & EA 7338 Pléiade) : « Trajectoires universitaires et dépéripheries : deux parcours croisés d’enseignantes-chercheuses »
En contrepoint des études proposées sur les étudiant.e.s de l’Université Paris 13, Vanessa Castejon (MCF Anglais, Pléiade) et Mathilde Lévêque (MCF Littérature, Pléiade) proposent une réflexion sur les notions d’identité et de territoire : la méthode de l’ego-histoire, envisagée de façon croisée, permet d’expliquer et d’éclairer des pratiques et des choix d’enseignantes-chercheuses. Cette communication à deux voix conjugue la dimension autobiographique et le positionnement idéologique, entrant en résonance avec l’histoire sociale et politique de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.