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juin 2023
23
juin
vendredi
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L’axe 1 est consacré aux formes de mises à l’écart des êtres et des choses dans les sociétés. Construit autour des notions de marge, d’inégalité et de vulnérabilité, il rassemble géographes, linguistes, littéraires, anglicistes autour de projets qui articulent toujours études de terrains, de cas ou de corpus et réflexion épistémologique, théorique et méthodologique. Les travaux s’organisent en trois ensembles thématiques.
1. Les marges : formes et représentations. Cet ensemble fédère des recherches sur l’épistémologie de la marge/des marges, notion plurielle, polysémique et dynamique qui doit être située dans ses différents contextes. Les membres de l’axe entretiennent une réflexion de fond sur la notion, sur l’usage du terme, sur ses différentes acceptions et évolutions, tant en ce qui concerne leurs objets de recherche (des espaces dérogatoires urbains aux lieux de la maladie en passant par l’informal numérique) que leurs pratiques scientifiques.
2. Dynamiques inégalitaires. Comme les marges, les inégalités n’ont pas d’existence objective mais constituent des construits car leur évidence et leur histoire doivent être questionnées. Les chercheur.e.s de l’axe étudient donc les inégalités en étant attentif.ve.s à leur mode d’existence et leur formulation, sous des aspects variés : inégalités économiques, de genre et d’âge, d’espèces.
3. Vulnérabilités : facettes et processus. Sous l’angle de la parole, on étudie une figure de locuteur.trice vulnérable destitué.e. de sa parole ou de sa capacité interprétative : le.a locuteur.trice dit.e « sans-voix » que l’on dote d’un.e porte-parole ou rendu.e incapable de formuler des expériences taboues. Mais la question des vulnérabilités possède évidemment une dimension spatiale qui renvoie à la traditionnelle question des risques augmentée d’une dimension sociale : face aux crises, toutes les personnes ne sont pas semblablement exposées. La vulnérabilité des sociétés et des hommes s’inscrit aussi dans des flux migratoires analysables à la source, dans des territoires sensibles aux risques sociaux environnementaux, et peut être aussi investiguée via de concepts comme la justice environnementale ou la justice alimentaire.
Sous la figure d’Hypatie, personnification féminine d’une intelligence curieuse et tolérante et dans la continuité des travaux de l’ancien axe 4, mais avec des ambitions transdisciplinaires encore plus marquées, l’axe 2 de Pléiade accueille des chercheurs dont les travaux interrogent trois notions clefs dans leurs dimensions nationales, internationales et globales : Circulations, Mobilités, Patrimoines.
Mobilisant des champs disciplinaires aussi divers que l’étude des civilisations, des arts et des sociétés, l’histoire, la géographie, l’anthropologie, les littératures et leurs différentes instances (langues, nations, genres, for privé) sur des thèmes fédérateurs parfois déjà choisis par l’ancien axe 4 (Blocages et entraves à la circulation, La Liste), les chercheurs de l’axe décloisonnent dans leurs travaux collectifs leur propre démarche épistémologique et proposent des grilles de lecture inédites tout en produisant de nouveaux outils théoriques. Cinq directions regroupent les thématiques sur lesquelles ils travaillent. Non exhaustives mais évolutives, elles montrent la diversité des problématiques de l’axe.
Transferts, adaptations et traductions. Ce premier thème concerne la création littéraire et artistique sous l’angle de la circulation, non seulement des personnes – auteurs et artistes – mais aussi des idées, des informations, des textes, des méthodes, des modèles, des courants, des images, des techniques et genres artistiques (peinture, architecture etc.), littéraires (roman, poésie, théâtre, littérature de jeunesse), chorégraphiques et musicaux, dans leurs dimensions diachronique et synchronique. Sont en particulier analysés les processus de tradition et de traduction des œuvres littéraires.
Voyage, exil et frontières. Ce thème est plus factuel et prend en compte les conditions techniques et matérielles mais aussi sociales et juridiques de la mobilité des personnes, des déplacements, volontaires ou contraints : voyages, vagabondage, exils, migrations, expulsions, déportations, dans différentes aires chronologiques ou géographiques, ce qui pose le problème du rapport des nouveaux arrivants avec les autochtones (statut et visibilité des uns et des autres de l’Antiquité à nos jours, aux États-Unis et ailleurs). La mobilité des personnes, à toujours réinsérer bien sûr dans un contexte technique, social et juridique, entraîne la circulation et la diffusion des idées, des savoirs, des technologies, des valeurs, des religions).
Études connectées et globales. Quelques pistes sont envisagées : l’écriture de l’Histoire au temps présent, de l’Antiquité à nos jours, à partir des marges (cas de tous les groupes minoritaires) à l’aide aujourd’hui des nouveaux vecteurs de la mémoire que sont les médias et les réseaux sociaux; la dialectique colonialisme/post-colonialisme qui part des rapports entre colonisés et colons puis entre anciens pays colonisés et anciens pays colonisateurs, Un premier projet porte sur la parole de l’esclave sujet de récits mais aussi auteur d’écrits autobiographiques et de mémoires permettant d’appréhender le regard porté sur l’esclave tant par autrui que par lui-même.
Patrimonialisation/Matrimonialisation. L’axe 2 a pour ambition d’intégrer ses travaux dans les problématiques du territoire d’implantation de l’université Paris 13, le Nord-Est de la banlieue parisienne. Celui-ci connaît aujourd’hui un phénomène de patrimonialisation qui nous pousse à réinterroger les différents aspects culturels, linguistiques, matériels, monumentaux du concept de patrimoine et ses enjeux sociétaux et identitaires mais aussi politiques et économiques, y compris à travers le regard des minorités, des personnes exclues ou discriminées, rejetées aux marges.
Paysages et cultures. À partir d’une étude de la représentation de la nature dans l’art, il s’agit d’aborder la construction ou la reconfiguration des paysages, aussi bien réelle par l’aménagement du territoire, qu’imaginaire par l’art, en confrontant les exigences parfois contradictoires de la conservation et de la “modernisation”. Le thème aborde de ce fait des questions écologiques : conséquences des changements climatiques ou des catastrophes naturelles sur les paysages.
Ces recherches s’effectuent en collaboration avec les autres axes de Pléiade ou laboratoires de l’université Paris 13, mais aussi au sein d’un vaste réseau de partenariats franciliens (Campus Condorcet), nationaux et internationaux.
L’axe 3, « Politique, Individu, Société », réunit des chercheuses et chercheurs s’intéressant au politique entendu au sens large, qu’il s’agisse des régimes politiques et des administrations, des fondements symboliques et religieux du pouvoir, des organisations économiques et des hiérarchies sociales. Par la diversité des périodes, des disciplines et des espaces représentés, il constitue ainsi un lieu de réflexion original sur les modalités de reproduction et d’incorporation des ordres sociaux, et sur les permanentes tensions et contestations qui les travaillent.
Le travail collectif de l’axe s’appuie sur un séminaire dont le thème actuel est « la transmission », après en avoir été « le tiers », puis « le débat ». La transmission permet de penser conjointement l’individuel et le collectif, la sphère publique et la sphère privée, d’analyser les processus normatifs et leur contestation, de poser la question de l’altérité et de la médiation, de s’interroger sur la diversité des temporalités et des espaces. Le séminaire se propose, comme par le passé, de faire échanger, selon un calendrier régulier, les membres de l’axe à propos de leurs travaux et d’inviter des chercheur.se.s extérieur.es à dialoguer dans cette perspective : transmission dans le domaine du savoir, du religieux et du sacré, du politique, transmission et mémoire, transmission et héritage, transmission et images, etc.
1) Ce thème permet de s’inscrire dans les projets fédérateurs de Pléiade, les marges créatrices et le numérique (rôle du numérique dans la transmission des sources ou des savoirs par exemple).
La transmission est du ressort de l’action d’un sujet agent qui projette vers un autre espace une expérience ou un vécu ; et à ce titre l’altérité et la transmission s’accomplissent dans un même acte puisque surgit alors une relation de partage entre le questionnement, sa réception et son devenir chez un individu ou dans une communauté. La transmission relève en effet non seulement de la transmission des connaissances mais aussi d’un ensemble de procédés par lesquels des éléments d’une civilisation ou d’une culture se répandent : soit une opération par laquelle les pouvoirs (d’un gouvernement , assemblée, d’un groupe, autorité reconnue, légitimée ou pas) sont transférés à un successeur, ce qui présente des analyses sur la maîtrise, la présence d’ensembles, d’organes ou de systèmes d’articulation mettant en œuvre des exercices de commandement, de contrôle ou de transfert de savoirs. Ceux-ci concernent des processus formels ou informels, de tradition orale ou d’archivage qui se déploient soit par la voie de l’enseignement ou de l’habitude, de l’imprégnation ou de l’identification, de la passation ou du rituel collectif, soit par l’échange de compétences ou de pensées, et ce dans un jeu interactif où le recul réflexif se mêle à la reconnaissance de valeurs portant sur des systèmes ou des voies de transmission en fonction de rôles, de statuts ou de compétences (coutumière, juridique, religieuse, scientifique, etc.) qui tentent d’organiser la complexité de l’individu au sein du groupe, de l’altérité ou de ses complexités.
2) Aujourd’hui, la transmission vise alors à reconnaître les individus comme porteurs de savoirs, en abandonnant les conceptions linéaires de transmission pour passer à des visions plus démocratiques et participatives, qui examinent au bout du compte l’appropriation du savoir et la génération d’apprentissages collectifs. C’est pourquoi, aussi bien chez l’individu que dans la collectivité, la transmission fait émerger un dépassement du savoir imparti en établissant un double mouvement de nouvelles formes de savoir, de questionnements ou de réflexions par le biais de formes de filiation, de continuité ou de dissidence. Aussi, notre axe veut accorder un intérêt particulier aux thèmes suivants :
3) Ainsi, nous serons par exemple à même d’explorer dans notre séminaire une psychologie de la vision qui se situe entre Histoire, histoire de l’art, histoire des idées et recherche anthropologique. La confrontation avec d’autres formes de savoir nous aidera à ne pas rester à la surface du réel ou à l’intérieur des mots : c’est bel et bien la quête d’une langue exacte qui peut conduire notre exploration du thème de la transmission à établir des relations entre un objet et un autre, un mot et un autre, une ligne droite et d’autres mouvements du geste, pour faire, ainsi, des paramètres, d’après la liaison de grandeur des uns par rapport aux autres. C’est par ce moyen que le thème de la transmission nous portera à travailler sur la diversité anthropologique du savoir, parce que l’homme suit, selon sa singularité en tant qu’individu, une multiplicité de voies, qui répondent à sa réflexion sur les causes et les effets, le fondement et les conséquences des actes. C’est là ce qui nourrit son besoin de prospective, parce que le retour réflexif de l’homme sur ses actes ou ses productions aide sa conscience à méditer sur ses propres opérations. À partir de là, il peut littéralement regarder le présent, interroger l’efficacité des outils employés jusqu’à ce moment et, ensuite, réviser un jugement, fonder un nouveau champ de recherche, ou partir en quête d’une voie qu’il délimite en définissant ou en améliorant ses propres outils conceptuels, dont le rôle majeur est d’engendrer une démonstration, en vue de transmettre une vérité ou une vision, une norme ou une pratique sociale qui a valeur légale, la construction d’un modèle familial ou religieux, un héritage, c’est-à-dire une mémoire collective où s’immisce obligatoirement le questionnement sur son fondement, son évolution ou sur ses positions contradictoires. C’est pourquoi, faut-il souligner que la transmission repose sur la valorisation de l’écart, de la prise de risque du discours distancié et de la convocation de pistes autres, pour rendre vivante l’étymologie de la notion d’intelligence : inter-legere.
L’axe 4 se fonde sur une double nécessité : d’une part, explorer les formes et les représentations dans leur expansion la plus large (diversité des aires culturelles, multiplicité des supports, variété des champs disciplinaires, phénomènes émergents) ; d’autre part, donner sens à cette constellation en posant des définitions, en circonscrivant des zones de cristallisation, d’hybridation ou d’échange. À cette fin, il centre ses travaux sur les cinq thèmes suivants.
Le dialogue entre les arts, la culture visuelle, l’intersémioticité. La culture visuelle est considérée à la fois comme l’expression d’arts spécifiques (études cinématographiques, théâtrales, dispositifs iconographiques, photographie, bande dessinée) et comme un ensemble de codes sémiotiques propres aux aires culturelles (cultures européennes, américaines, asiatiques, arabes, etc.) et aux différents domaines du savoir (histoire, science, littérature).
Les formes du langage. Les structures linguistiques sont étudiées dans leurs formes écrites et orales, sans négliger la description du sens, menée en tenant compte des contextes discursifs et interactionnels. À des études en synchronie, s’ajoute l’examen des évolutions historiques, à travers les phénomènes d’emprunt, de grammaticalisation et d’innovation. Sont également étudiées les dynamiques de créativité formelle (langue de l’Internet, fiction, chanson, réactualisation de la forme « poésie » par le sonnet, le slam etc.).
La littérature, l’intermédialité, le numérique. La littérature est abordée dans sa diversité (francophonie) et sa complexité, en incluant ses dimensions les plus contemporaines (écritures numériques) ainsi que les différentes formes de dialogue qui la lient aux autres pratiques de création (transmédialité, reprise, adaptation), la rattachent à des dispositifs qui la déterminent significativement et l’inscrivent dans unedimension médiatique. La plurimédialité concerne ainsi les déclinaisons et les extensions de l’œuvre sur différents supports (livres numériques enrichis, jeux vidéo, univers fictionnels transmédia, etc.).
Les radicalités et les phénomènes d’émergence. De nouveaux espaces d’expression et de création émergent (innovations linguistiques, performances artistiques, coopératives d’artistes), qui appellent des regards spécifiques, tenant compte également des rapports entre les engagements politiques et la littérature (poésie militante, expression théâtrale du politique, contestations de la culture mainstream – underground, mouvement punk –, réappropriations culturelles). Une attention particulière est portée aux créations et aux représentations issues des périphéries (banlieues, marges du monde et des métropoles).
Les genres et les théories. Ce volet concerne les genres dans leur dimension typologique et épistémologique (genres discursifs, littéraires, textuels), en rapport avec l’invention de méthodes d’analyse des objets littéraires : héritage des théories, nouveauté conceptuelle, œuvres littéraires générant leur propre théorie, double fonction du critique-écrivain, négociations du légitime et du populaire.