Appel pour une journée d’étude qui aura lieue le 13 septembre 2019 à la MSH Paris Nord à Saint-Denis

Organisation

Cette Journée d’Études est co-organisée par les laboratoires  LISAA-EMHIS – UPEM et PLEIADE – PARIS 13

Texte de l’appel à communication

Cette journée d’étude part du constat que de plus en plus de productions grand public sont consacrées à l’histoire de l’Espagne et/ou de l’Amérique Latine, qu’il s’agisse de revues, de bandes dessinées, de jeux vidéos, de fresques historiques, de biopics ou, plus récemment, de séries télévisées. La multiplication de ces productions participe, semble-t-il, d’un regain d’intérêt pour l’histoire, lié aux questions mémorielles, et procèdent d’un phénomène de « dédisciplinarisation » (Lyon-Caen et Ribard : 2010). Leur succès, à commencer par celui des séries, est passé, en quelques années seulement, du simple phénomène de mode à celui de société, comme l’ont mis en lumière les sociologues et les juristes qui ont entrepris d’examiner ce que les séries nous disent des évolutions de nos sociétés et de nos mentalités (collection « La série des séries » dirigée par Jean-Baptiste Jeangère Vilmer aux Presses Universitaires de France).

Si les sociologues se sont emparés de ces productions comme d’un nouvel objet d’étude, les historiens se montrent encore très frileux, en partie à cause du contentieux épistémologique qui oppose depuis longtemps histoire et fiction. Or, le succès de ces productions constitue un véritable enjeu, car elles questionnent à la fois la conception et la façon d’écrire l’histoire, mais aussi, plus largement le statut du discours de l’historien et sa réception dans la société. De plus, les historiens s’avouent parfois décontenancés face à de telles productions et tendent à se réfugier dans une analyse de leur rigueur historique, ce qui, paradoxalement, contribue à affaiblir d’autant plus l’analyse du spécialiste. Dès lors, comment les historiens doivent-ils envisager ces productions ? Quelle analyse doivent-ils faire de leur usage et de leur traitement du matériau historique ? Comment leurs connaissances sont-elles réinvesties par les réalisateurs et par les producteurs ? Comment les historiens doivent-ils se positionner face au traitement médiatique de la discipline historique ?

Le champ des problématiques qui se posent est immense, en partie du fait de l’ampleur et de la diversité du corpus. Aussi cette journée d’étude a-t-elle vocation à engager une réflexion sur la question de l’usage et de la divulgation du matériau historique dans les productions grand public en Espagne et en Amérique Latine. Elle prendra la forme d’un atelier, dont le but sera de faire émerger les enjeux d’une réflexion plus large à entreprendre sur la dialectique entre le discours médiatique et le discours académique.

Les communications porteront prioritairement sur la façon dont le matériau historique et les connaissances historiques sont réinvestis dans l’élaboration d’un discours articulé autour d’un régime, d’un État ou d’un ordre social et sociétal. Elles pourront être axées sur l’un ou plusieurs des points suivants, bien que cette liste ne soit pas exhaustive :

  • la nature et le traitement du matériau historique utilisé : quel(s) type(s) de matériau historique la fiction contemporaine choisit-elle d’intégrer dans son projet narratif et selon quelle(s) modalité(s) : dans quel but (visée didactique, sélection s’appuyant sur des pré-requis ou recréation fictionnelle du passé à partir d’images d’archives…) ? en quoi ces productions questionnent-elles les discours académiques, en quoi les forcent-elles à se renouveler, à se réorienter sur certains objets ?
  • comment le matériau historique est-il utilisé et traité pour être rendu convaincant et pertinent ? ;
  • quelle(s) analyse(s) du pouvoir et du contre-pouvoir ces productions proposent-elles ? qu’est-ce que ces analyses ont à nous dire de l’idéologie qui les sous-tend ? Et, de façon corollaire, quelle(s) idéologie(s) produisent-elles ? On questionnera ici, au besoin, la dialectique entre esthétique de la réception et création du sens.
  • en quoi ces productions orientent-elles ou modifient-elles notre regard sur ces faits passés et que cherchent-elles à nous dire sur le présent ? Sur cette question, on laissera, pour l’instant, de côté toutes les interrogations liées aux questions mémorielles ou à celle du statut de témoin dans la construction du discours historique. Non pas qu’elles ne soient pas en lien, mais parce qu’elles constituent déjà en soi un prolongement qui nécessitera un traitement à part.

On prendra soin de ne pas faire porter les efforts sur la rigueur, le justesse, la minutie ou encore la pertinence de l’utilisation du matériau historique ou de la reconstitution du passé. On s’attachera, au contraire, à créditer les productions grand public d’une capacité à produire, par l’intermédiaire des codes et des formes qui leur sont propres (film, documentaire, bande-dessinée, série, jeu vidéo, roman, théâtre, etc.), un ensemble de connaissances scientifiques (sociologiques, politiques, historiques, etc.) en se fondant sur le matériau historique.

Plus qu’une vision d’ensemble, c’est une série de cas révélateurs que la journée d’études envisage de réunir, de comparer et de contraster, afin de parvenir à engager une réflexion sur les usages de l’histoire dans le domaine public, mais aussi plus largement sur la question du rôle politique, social et sociétal de l’herméneutique de l’histoire. En d’autres termes : qu’apprend-on de l’histoire et que cherche-t-on à lui faire dire de notre société ?

La journée d’études se tiendra à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée le 15/11/2019.

Les communications ne devront pas excéder 30 minutes.

Un titre et un résumé, même provisoires, de vos communications sont à envoyer avant le 27/05/2019 aux organisateurs.

Les versions écrites seront publiées dans L’Âge d’Or (ISSN 2104-3353), revue électronique du LISAA/EMHIS.

Organisateurs :

  • Sarah Pech-Pelletier (Paris 13) : sarah.pelletier@univ-paris13.fr
  • Mathias Ledroit (UPEM) : mathias.ledroit@u-pem.fr

Documents

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