Séminaire de l’axe 4 « Plurimédialité »
Le vendredi 8 octobre aura lieu la journée « Théâtre(e)s et passage(s) » du séminaire de l’axe 4 de Pléiade consacré à l’étude de la plurimédialité. Une triple conférence en matinée donnée par Sandra Barberie, Dunlaith Bird et Judith Cohen traitera des questions spécifiques à l’adaptation (du texte à la performance, d’un dispositif générique à un autre) et aux rapports entre usages et conceptualisation. Elle sera suivie l’après-midi d’une conférence-spectacle animée par l’artiste et chercheur Julien Daillère, présenté par Agathe Torti.
Matinée : 9h30-12h00
Conférence à trois voix de Sandra Barberie, Dunlaith Bird et Judith Cohen
Dunlaith Bird, « “dernier état dernière version” : adaptation et performance dans Comment c’est de Samuel Beckett »
Cette intervention étudiera la mise en scène des trois parties du texte en prose Comment c’est par la compagnie Gare Saint Lazare Ireland comme des exemples hors pair d’adaptation intermédiale de l’œuvre de Samuel Beckett. Ces cas de figure serviront pour explorer les défis qui accompagnent toute adaptation des textes en prose de Beckett pour le théâtre. Enfin, on verra s’il est possible ou même souhaitable d’aboutir à une “dernière version” dans les adaptations.
Sandra Barberie, « Cinco horas con Mario de Miguel Delibes : du roman au théâtre. Deux textes, deux médias, une même histoire ? »
Cette communication a pour dessein de confronter tout d’abord deux textes de l’auteur espagnol Miguel Delibes : celui du roman Cinco horas con Mario, publié en 1966 et sa version théâtrale dont le texte de l’adaptation fut publié en 1981.
La trame narrative et dramatique de Cinco horas con Mario est semblable, même s’il existe des phénomènes de réductions, d’ajouts, de condensations et de modifications inhérents au passage d’une œuvre romanesque à une œuvre théâtrale : le personnage du titre, Mario, vient de décéder. Sa veuve Carmen, après s’être remémorée tous les événements de la journée depuis la découverte de son mari mort, se retrouve seule face à la dépouille de Mario et lui adresse, durant les cinq heures que dure sa veillée funèbre, un long monologue où elle divague parmi ses souvenirs et règle ses comptes avec lui.
Dans un second temps, il s’agira de comparer la dernière représentation théâtrale de Cinco horas con Mario (2021) à ses antécédents textuels. On y verra comment le changement de média, à travers les choix de mise en scène et la performance de l’actrice, modifie la réception de l’œuvre littéraire de Delibes.
Judith Cohen, « De la scène au texte, passages de Roland Barthes »
Le but de cette intervention est de présenter mon travail de thèse en cours au prisme de la notion de passage. Il s’agira dès lors de montrer comment l’expérience initiale que fait Barthes du théâtre dans les années 1930 puis dans les années 1950 est un point d’ancrage de sa pensée, à partir de laquelle s’élaborent un certain nombre de passages de la scène vers le texte. On distinguera en effet deux rapports au théâtre dans l’œuvre barthésienne, une lecture par tendance du théâtre qui s’attache à faire du théâtre une référence (la plupart du temps politique) et une lecture par tendance, où le théâtre fait retour non plus nommément, mais d’un point de vue structurel pour informer le texte. Nous distinguerons donc deux types principaux de passages, des passages évidents, tracés, identifiables et des passages souterrains davantage soumis au régime plus indiscernable de la métaphore.
C’est autour de cette approche métaphorique du passage que l’utopie intervient. L’hypothèse principale de notre travail étant que le théâtre comme expérience originelle permet ensuite dans l’œuvre du critique de construire un théâtre textuel utopique. Le théâtre apparaît donc comme ce qui fait tourner et informe l’utopie textuelle qui est donc une utopie théâtrale.
Notre intervention se développera en trois points, le premier portera sur l’expérience du théâtre des années 1930 et 1950 : entre ancrage et passage, le second s’intéressera à la lecture par occurrence que fait Barthes du théâtre dans son œuvre et notre dernier point portera sur la lecture par tendance qu’il propose du théâtre et qui constitue un autre mode de passage d’une notion dans le texte.
Après-midi : 14h-15h30
Intervention et spectacle de Julien Daillère, présenté par Agathe Torti
Sur le spectacle :
C’est bon. E ok. Rendben. This is just a story est un solo coopératif principalement bilingue F/RO, présenté en tournée binationale lors de la Saison France-Roumanie 2019. C’est le passage permanent d’une langue à une autre pour dire aussi le passage d’un corps à un autre, entre masculin et féminin, animal et humain, et vice et versa jusqu’à troubler l’un, l’une et l’autre. Ce fut pour Julien Daillère un moment charnière, un peu avant son retour en France après trois ans d’études doctorales en Roumanie, un retour à la scène autrement, en marge des plateaux équipés et passant par une forte implication du public à ses côtés.
Sur l’invité :
Julien Daillère, artiste-chercheur, est titulaire de la thèse en arts du spectacle et en littérature comparée « Étude des processus de création et de réception de l’œuvre scénique à travers la métaphore du système digestif », obtenue en 2018 en cotutelle entre l’Université des Arts de Târgu-Mureș (UAT, Roumanie) et Cy Cergy Paris Université (France). Pendant la crise sanitaire, il initie le programme de recherche “Avoir Lieu” 2021/22 de La Marge Heureuse (présentiel covid-compatible et formes hybrides présentiel/distanciel en multicanal). Responsable artistique de La TraverScène, il développe notamment des « solos coopératifs ». www.julien-daillere.com
Organisateurs
Christèle Couleau, Université Sorbonne Paris Nord / Pléiade
Valérie Stiénon, Université Sorbonne Paris Nord / Pléiade