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Appel à contribution – Itinéraires. LTC – 2023-3 : Représentations de la catastrophe au xxie siècle dans les arts plastiques et la littérature : quelles réponses collectives et intimes ?

Date limite d’envoi des propositions : 19 décembre 2022

Coordination

Elsa Ayache, Artiste et Maître de conférences en arts plastiques, École des arts de la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UFR O4), Institut ACTE, UR 7539.

Anne Coudreuse, Maître de conférences HDR en Littérature française, UFR LLSHS, Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade, UR 7338.

Argumentaire :

Il est courant de dater du 11 septembre 2001 le réel début du XXIe siècle perçu comme une période caractérisée par les catastrophes de tous ordres, même si le catastrophisme lui-même date de 1812, quand Georges Cuvier a proposé d’expliquer la formation de la terre par une série de cataclysmes. Théorie de l’histoire des sciences, plutôt décriée et longtemps confinée à la mythologie, le catastrophisme d’aujourd’hui propose de s’en tenir à un scénario du pire face à l’avenir. Les attentats du 11 septembre inaugurent « l’irruption du possible dans l’impossible », selon la définition de la catastrophe donnée par le philosophe de sciences Jean-Pierre Dupuy dans Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain (Seuil, « La couleur des idées », 2002). « Non seulement la peur de la catastrophe à venir n’a aucun effet dissuasif ; non seulement la logique économique continue de progresser comme un rouleau compresseur ; mais aucun apprentissage n’a lieu. La catastrophe n’est pas crédible, tel est l’obstacle majeur. La peur de la catastrophe n’a aucune force dissuasive. L’heuristique de la peur n’est pas une solution toute faite, elle est le problème » (p. 143-144). Est-ce encore le cas à l’été 2022 qui a vu proliférer les incendies, les canicules, la sécheresse, les inondations, et sur lequel pèse la menace de l’explosion de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine ? Tout se passe comme si, notamment d’un point de vue occidental, l’impossible était devenu notre quotidien et notre seul horizon. Nous pouvons d’emblée nous demander si l’art et la littérature obéissent à la même condamnation.

Le seul exemple de l’été 2022 montre que la catastrophe, planétaire, ne se donne plus à penser comme un événement unique, inédit et imprévisible. Elle se présente désormais comme un enchaînement de phénomènes en séries, elle est devenue notre actualité sans cesse renouvelée, et plus seulement notre avenir. Comme l’écrit Paul Virilio : « Devant cet état de fait d’une temporalité accélérée qui affecte les mœurs, l’art aussi bien que la politique des nations, une urgence s’impose entre toutes : celle d’exposer l’accident du Temps. Renversant de la sorte la menace de l’inopiné, la surprise devient sujet de thèse et le risque majeur sujet d’exposition dans le cadre des télécommunications instantanées. […] Ce constat d’impuissance devant le surgissement d’événements inattendus et catastrophiques nous contraint à renverser la tendance habituelle QUI NOUS EXPOSE À L’ACCIDENT, pour inaugurer une nouvelle sorte de muséologie, de muséographie : celle qui consiste maintenant à EXPOSER L’ACCIDENT, tous les accidents, du plus banal au plus tragique, des catastrophes naturelles aux sinistres industriels et scientifiques, sans éviter l’espèce trop souvent négligée de l’accident heureux, du coup de chance, du coup de foudre amoureux, voire du “coup de grâce” ! » (L’Accident originel, Galilée, 2005, p. 15-16).

Aujourd’hui, du témoignage sidéré, descriptif ou critique, des déstabilisations visuelles et signifiantes induisant doutes, remises en question voire déplacements, au développement de projets militants, alarmistes ou écoterroristes utilisant le viscéral et la peur pour éveiller les consciences et engager l’action, de quels rapports à la catastrophe témoignent les œuvres littéraires et artistiques contemporaines internationales ? Quelles intentions porte leur auteur ? Et quels impacts ont-elles sur le lecteur ou le spectateur ?

Il s’agit moins aujourd’hui pour les arts plastiques et la littérature de représenter la catastrophe que de l’incarner et d’y être, de lui apporter une figuration que de se laisser défigurer par elle, dans leurs formes, leurs pratiques et leurs définitions. Est-il encore possible d’attribuer un sens à la catastrophe par sa représentation plastique ou littéraire ?

Au-delà des genres littéraires formatés, comme les fictions éco-dystopiques ou post-apocalyptiques en plein essor, au-delà d’une instrumentalisation émotionnelle des images de catastrophe par les médias à des fins sensationnelles, idéologiques, économiques et politiques, pourrait-on voir se mettre en place une littérature ou un art catastrophés, dont la forme même serait atteinte par ce qui ne serait plus simplement un imaginaire ou une représentation de la catastrophe ? Quels types de gestes artistiques portent cette hypothèse et peuvent faire contre-point ? Quelles visions la littérature et les arts plastiques proposent-ils de la catastrophe par rapport à son traitement médiatique et à la surexposition aux images et aux mots, en temps réel ? Comment peuvent-ils à la fois fixer l’effet de sidération initial, reproductible à chaque catastrophe, et aider à le dépasser à la fois au plan intime et collectif ? Peuvent-ils aider à retourner la vulnérabilité des individus et des sociétés, en force d’action et de remédiation ? L’intime de la création artistique ou littéraire, poïétique, peut-il devenir politique, comme si « je » pouvais enfin sauver le monde, Narcisse ne se perdant plus dans sa propre image, enfermé dans son unique visage, mais se réfractant dans l’ensemble infini voué à la finitude de l’univers, humain ou non humain ?

Plusieurs questionnements et axes de réflexion se dégagent ainsi :

  • Quelles sont les expressions et re-présentations contemporaines artistiques et littéraires de la catastrophe ? À quelles positions et à quelles intentions de leurs auteurs renvoient-elles ?
  • Comment art et littérature rendent-ils compte d’une évolution de notre rapport aux catastrophes, impliquant différemment par exemple la notion de contrôle sur nos environnements urbains et naturels ? En effet, si la catastrophe naturelle n’a pas toujours été appréhendée dépendamment de nos actions, le sentiment d’impuissance ne vient-il pas aujourd’hui d’une volonté de puissance et de contrôle de tous les éléments ?
  • Du point de vue de la réception, quels sont les pouvoirs de l’art et de la littérature face à l’évidence de la catastrophe à venir ? À titre d’exemple, sur la question de la destruction du vivant, ont-ils une marge d’action possible, individuelle et/ou collective, vis-à-vis de ce paradoxe associant conscience du pire à venir et attentisme ? Comment peuvent-ils avoir un impact sur les marches politiques et économiques en cours ?
  • Plus loin, induisent-ils de nous positionner radicalement ? Ou peut-on encore penser la catastrophe dans et par la nuance ? Suffit-elle ou n’est-elle pas particulièrement nécessaire ?

Informations pratiques

Calendrier indicatif

  • 7 novembre 2022 : lancement de l’appel à contribution
  • 2 Décembre 2022 : date limite de réception des propositions
  • 9 janvier 2023 : retour du comité de coordination
  • 30 mai 2023 : date limite réception d’article V1
  • 30 juin 2023 : envoi des articles pour évaluation
  • 30 septembre 2023 : retour des évaluations
  • 30 décembre 2023 : révision des articles et envoi V2
  • Publication prévue : hiver 2024

Format de la proposition

Les propositions de contribution sous forme de résumé, accompagnées d’une notice bio-bibliographique, sont à envoyer à :

Les articles seront à remettre avant le 30 mai 2023 pour une parution du numéro à l’hiver 2024, après une évaluation de chaque contribution en double aveugle. Pour plus d’information sur la sélection et la publication des textes, consulter la page : https://journals.openedition.org/itineraires/2252.

Pour ce numéro, les auteur·trices sont invitée·s à proposer des textes de 25 000 signes minimum et 30 000 signes maximum (espaces comprises) en respectant scrupuleusement les consignes détaillées à la page suivante : https://journals.openedition.org/itineraires/2255. Les articles qui ne respecteraient pas ces normes seront retournés aux auteur·trices. avant d’être expertisés. Les contributions pourront être accompagnées d’images libres de droits et d’une résolution de 300 dpi (voir la partie « Illustrations » des consignes auteurs sur le site de la revue).

Texte complet de l’appel et informations sur le site de la revue : https://journals.openedition.org/itineraires/12113

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Colloque « Dynamique de genre, sexualité et racialisation dans les Amériques » du Pôle Nord-Est de l’Institut des Amériques.

IMPORTANT :

La date de remise des propositions pour le colloque du pôle Nord-Est de l’Institut des Amériques a été repoussée au *15 juin*.

Pour plus d’information : https://www.institutdesameriques.fr/fr/article/dynamique-de-genre-sexualite-et-racialisation-dans-les-ameriques

« Dynamique de genre, sexualité et racialisation dans les Amériques », Colloque Institut des Amériques, Pôle Nord-Est, Université Gustave Eiffel (UGE/UPEM), Paris ; les 12, 13, 14 novembre 2020

Scroll down for English version / Véanse a continuación el llamado a ponencias en español y português

Les questions de genre, de sexualité et de race sont devenues des indices sociaux, culturels et politiques incontournables pour décrypter le monde contemporain et revisiter les événements passés. Ce positionnement semble paradoxal dans la mesure où il met sur la ligne de front des groupes minorés en quête d’agentivité, de voix collectives et de ruptures épistémologiques pour faire face aux régimes de savoir en place.

Le 16 août 2019, le ministère de la Justice des États-Unis a déposé une requête auprès de la Cour suprême des États-Unis concernant les « discriminations en raison du sexe » afin d’en exclure les personnes LGBTQI+. Depuis plusieurs années, le gouvernement Trump mène ainsi une attaque systématique contre les droits des personnes LGBTQI+, en ciblant particulièrement les trans*, dans l’armée, l’éducation, la santé ou encore le sport[1]. Les atteintes portées au droit des femmes à disposer librement de leur corps se multiplient également depuis plusieurs années aux États-Unis, tout comme en Europe du reste. En 2019, 9 États ont adopté des lois limitant l’accès à l’avortement, dont le Missouri, le Kentucky, l’Alabama ou la Louisiane[2]. L’institut Guttmacher estime que plus de 97% des femmes en âge de procréer demeurant en Amérique latine et dans les Caraïbes vivent dans un pays où existent des lois restreignant l’avortement[3]. Aux États-Unis ou au Brésil, entre autres, l’affirmation d’un retour à un ordre patriarcal, blanc, hétérosexuel et la célébration d’un État-nation souverainiste, capitaliste et colonialiste sont indissociables des dynamiques liées aux genres et à la sexualité, qui occupent une place visible dans le champ politique contemporain. On pourra donc s’interroger sur la manière dont les questions de genre, de racialisation et de sexualité offrent un éclairage et une perspective sur de nombreuses questions politiques, depuis le socle même de la politique, la volonté de définir des catégories et un langage spécifique, jusqu’aux violences réelles et symboliques résultant de décisions idéologiques.

Les dynamiques de genre et de sexualité sont au cœur des problématiques politiques, économiques, culturelles, et sociales des Amériques, où les situations sont diverses et multiples[4]. Certains mouvements prônent des processus de normalisation des genres et des sexualités, d’autres cherchent à déconstruire les catégories ou luttent pour leur émancipation. Depuis le mois d’août 2019, les Mexicaines se mobilisent pour dénoncer les violences de genre[5]. Aux États-Unis, le gouvernement actuel promeut une politique encourageant des discriminations pour des raisons de genre, de sexe ou de race.

Les multiples intersections entre genres, sexualités, races rappellent la nécessité d’analyses multifactorielles. Plus particulièrement, la créativité représentationnelle et sociale des identifications plurielles suggère une dynamique performative des genres et des sexualités qui formule des modes de résistance politique et imaginaire. Entre le déterminisme social et culturel et une liberté individuelle absolue, se loge le potentiel des espaces de résistance collective. Le terrain fécond des Drag Balls montre, par exemple, comment une population noire et latinx aux États-Unis est intervenue contre son effacement littéral et symbolique grâce à la création sociale (les « maisons » accueillant des jeunes gays et trans* sans abris) et artistique (voguing etc.) d’un univers queer singulier. L’existence de ces manifestations, opérant aux interstices des normes, s’est étendue dans de nombreux pays (Brésil, France) grâce à tout un réseau de représentations (documentaires, universitaires, série télévisuelle, etc.)[6], démontrant la façon dont les approches croisées et hybrides prennent sens dans l’épaisseur de phénomènes minoritaires. Ce sont de telles approches fluides, complexes et intersectionnelles qui fournissent des pistes d’exploration des dynamiques de genre, de sexualités et de races.

Sans doute, cette énergie née de forces antagonistes, l’opposition entre le minoritaire et le majoritaire, permet de mettre en avant le(s) mouvement(s), les interactions qui articulent de nouvelles perspectives. La dynamique de genre, de sexualité et de racialisation met-elle fin aux engluements des approches statiques ? Permet-elle de repenser les interventions politiques, les dissidences sociales, les pratiques imaginaires afin de transformer le monde et ses modalités ? Est-elle une technologie pour une futurité utopique queer (Muñoz 2009), féministe, et décolonisée ? Formule-t-elle une épistémologie pour une pratique et un imaginaire décloisonnés ? Ces interrogations peuvent fournir quelques pistes sur le potentiel critique d’une dynamique créée par la friction entre genre, race et sexualité qui s’articule avec les questions de représentations et de circulations. Les nombreux échanges entre Porto Rico et New York (de West Side Story à Hamilton) soulignent bien l’obligation de faire dialoguer le politique, le social, le culturel et l’artistique afin de pouvoir rendre compte des relations entre les Caraïbes, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud. Les perspectives décoloniales, queer et féministes offrent un élan critique qui dénaturalise, déconstruit et refuse l’aliénation résultant des oppositions binaires.

Le colloque IDA propose ainsi d’interroger les dynamiques de genre, de sexualités et de racialisation dans les Amériques selon une perspective contemporaine ou historique. Les questions de genres et de sexualités pourront être articulées avec d’autres objets, dans une approche pluri ou transdisciplinaire, incluant tous les aspects du genre ou des sexualités (trans, inter, queer, féministes, postcoloniales, décoloniales, intersectionnelles…)

Les axes de recherches privilégiés pourront inclure les thématiques suivantes :

  • Représentations politiques, sociales et culturelles (infrapolitique, mouvements structurés, historiographies)
  • Performer la dynamique de genre, de sexualité et de racialisation sur la page, à l’écran, à la scène, à la ville et au-delà (circulations, hybridité, non-binarité, fluidité)
  • Reproductions, appropriations, défaillances (pink washing, homonationalisme, régressions…)
  • Résistances militantes, historiographiques et épistémologiques (intersectionnalité, désidentification, réseaux…)

Proposition en français, anglais ou espagnol (titre + 500 mots + corpus ou sources bibliographiques, cadre théorique), 5 mots clés, et courte notice biographique (150 mots) à envoyer à IDAEST2020@gmail.com jusqu’au 15 avril 2020 inclus, réponse fin mai 2020.

Nous acceptons une variété de propositions : communication individuelle ou en groupe (3), table ronde, atelier etc.

Merci de suivre la norme suivante pour le Nom de fichier : IDA2020 + nom patronymique

[1] Sam Levin, “'A critical point in history': how Trump's attack on LGBT rights is escalating,” The Guardian, September 3, 2019, https://www.theguardian.com/world/2019/sep/03/trump-attack-lgbt-rights-supreme-court. Voir l’analyse proposée par Marche et Servel, https://journals.openedition.org/ideas/4363.

[2] “Abortion Bans: 9 States Have Passed Bills to Limit the Procedure This Year,” K.K. Rebecca Lai, New York Times, May 29, 2019, https://www.nytimes.com/interactive/2019/us/abortion-laws-states.html.

[3] https://www.guttmacher.org/fact-sheet/abortion-latin-america-and-caribbean.

[4] Omar G. Encarnación, Out in the Periphery: Latin America's Gay Rights Revolution, Oxford University Press, 2016.

[5] “AP Explains: Why Mexican Women March Against Gender Violence,” The Washington Post, September 8, 2019, https://www.washingtonpost.com/world/the_americas/ap-explains-why-mexican-women-march-against-gender-violence/2019/09/08/ebaa1270-d1ed-11e9-a620-0a91656d7db6_story.html.

[6] On peut citer, ici, le documentaire qui a mis en avant les Balls, Paris Is Burning de Jennie Livingston, l’ouvrage universitaire Butch Queen Up in Pumps de Marlon M. Bailey ou tout récemment la série Pose.

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Journée d’études (Dé)jouer la contrainte, (dé)lier ses mains. Traduire avec la contrainte en poésie

Organisateurs :  Paolo Bellomo (CERC-Université Sorbonne nouvelle Paris 3 ; EA 1573, Université Paris 8-Vincennes) // Camille Bloomfield (Pléiade-Université Paris 13 ; Thalim-Université de la Sorbonne Nouvelle ; Outranspo) // Irène Gayraud (CRLC-Paris Sorbonne ; Outranspo)

Date : 4 juin 2021

Lieu : IUT de Bobigny – Université Paris 13. 1 rue de Chablis, 93000 Bobigny

La question de la traduction de la contrainte est particulièrement fascinante en ce qu’elle offre une perspective originale pour penser la traduction littéraire en général. L’étude de la traduction des textes contraints rend en effet visibles des stratégies traductives habituellement masquées : faut-il traduire par exemple la forme du texte, son jeu-même, ou plutôt le résultat produit par celui-ci ? Est-ce possible de faire les deux à la fois ? Comment traduire une littérature faite notamment de formes fixes, ou fondée sur des procédés sonores, rythmiques voire visuels qui la situent parfois dans le champ de l’intraduisible ? On pense évidemment au corpus oulipien, des Cent mille milliards de poèmes aux Alphabets de Perec, en passant par Compléments de nom, le poème infini de Michèle Métail ou les poèmes en anagrammes d’Oskar Pastior, mais aussi aux formes antiques ou médiévales (notamment combinatoires) et à leur réappropriation par les poètes contemporains.

En effet, la poésie, en tant qu’elle adopte très souvent une forme spécifique (qui peut porter sur le vers, la strophe, la forme des poèmes ou même celle des recueils), que celle-ci soit fixée par la tradition (le sonnet, l’alexandrin…) ou inventée pour un recueil en particulier (comme dans ∈ de Jacques Roubaud ou l’Ipersonetto d’Andrea Zanzotto), pose à la traduction des questions très proches de celles de la littérature à contrainte. D’une certaine manière, la poésie est déjà littérature à contrainte, de même que la traduction est déjà écriture à contrainte. Comment, dès lors, faire dialoguer les travaux sur la traduction de la poésie avec ceux sur la traduction de la contrainte ? S’agit-il des mêmes questionnements, pour les traducteurs et pour les chercheurs ? Y a-t-il une différence entre traduire une forme poétique fixe et traduire un texte écrit avec une contrainte inédite ?

Dans la réflexion que nous nous proposons d’avoir, la contrainte n’est pas seulement formelle. De même, elle n’affecte pas seulement les textes. Elle peut aussi investir les conditions de production de la traduction : traduction collective, traduction-minute, traduction en collaboration avec l’auteur, auto-traduction… Les formes de la contrainte choisie sont donc multiples, mais la démarche diffère radicalement des traductions faites “sous contrainte”, c’est-à-dire dans des conditions imposées par quelqu’un d’autre que l’auteur·rice.

La traduction de la contrainte permet en outre d’interroger la pratique du traducteur et la pensée de la traduction qui l’habite plus ou moins consciemment. En quoi le traducteur d’une littérature à contrainte reproduit-il et démultiplie-t-il le geste de l’auteur, de l’oeuvre originale ? En effet, plus le texte résiste à la traduction, plus le traducteur doit réinventer ses outils, son éthos, et répondre aux appels de l’intraduisible, en assumant que son œuvre actualise seulement l’une des possibles vies de l’original dans cette langue étrangère. Cela permet-il à ces traductions d’agir à la fois comme lectures critiques et miroirs poétiques et donc d’interpréter autrement les œuvres originales ?

Sur le plan méthodologique et organisationnel, la journée sera ouverte à des formes innovantes et participatives d’intervention ainsi qu’à de la recherche-création ; elle mêlera communications scientifiques, tables rondes faisant dialoguer poètes, traducteurs et chercheurs, et lectures ou performances poétiques. Co-organisée notamment par deux membres de l’Outranspo (Ouvroir de translation potencial), elle inclura un atelier de traduction de poésie à contrainte animé par quelques membres de ce collectif.

_____

Quelques références bibliographiques

“Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte”, dossier coordonné par C. Bloomfield et D. Schilling, Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, 162 p.

“Traduire la contrainte”, revue Formules n°2, Noesis, 1998, 270 p.

A. Cordingley, C.Frigau Manning (dir.), Collaborative translation : from the Renaissance to the Digital age, London, New York, Bloomsbury Academic, 2017, 260 p.

“Voyage et équipage”, Cahier “Traduire en équipe”, revue Traduire n°233, 2015, URL : https://journals.openedition.org/traduire/720

D. Weissmann, V. Broqua, Sound /Writing : traduire-écrire entre le son et le sens. Homophonic translation – traducson – Oberflächenübersetzung, Editions des archives contemporaines, Coll. «Multilinguisme, traduction, création», 2019.

T. Samoyault, « Vulnérabilité de l’oeuvre en traduction », Genesis, n° 38, 2014, p. 57-68.

*** Propositions d’une demi-page maximum à envoyer avant le 15 novembre 2020 aux trois adresses suivantes : camille.bloomfield@univ-paris13.fr / gayraud.irene@gmail.com / p.bellomo@hotmail.it

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Séminaire « Exilés dans les prés »

À partir du court-métrage de 13 min ” France : le village, les réfugiés et le photographe ” de Yannick Cador (2017), qui porte sur l’arrivée d’un groupe de demandeurs d’asile dans un village près de Toulouse et de la manière de rendre visible leur parcours et leur rencontre avec de nouveau territoire dans des tableaux photographiques, nous lancerons un échange autour de ce thème et de son traitement filmique, avec Rafik Arfaoui comme discutant.

Rafik Arfaoui est docteur en géographie, enseignant-Chercheur ATER en géographie et aménagement (Université de Picardie Jules Verne – EA Habiter le Monde), affilié à l’IC Migrations (2021-2025). Il a soutenu une thèse en décembre 2021 intitulée « Territoires multiples, accueil pluriel. Géographie sociale de l’accueil des demandeurs d’asile dans les espaces non-métropolitains. »

Les personnes intéressées peuvent contacter Marie Redon et recevront le lien Zoom pour participer à cette séance le jour-même : marie.redon@univ-paris13.fr

La séance sera courte, mais dense !

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Scotland, The Difference / L’Ecosse, la Différence, Sabrina Juillet Garzon, Pierre Fournier et Arnaud Fiasson (dir.), Presses Universitaires de Franche-Comté, Coll. Caledoni n°6, 2021.

Scotland, The Difference / L’Ecosse, la Différence, Sabrina Juillet Garzon, Pierre Fournier et Arnaud Fiasson (dir.), Presses Universitaires de Franche-Comté, Coll. Caledoni n°6, 2021.

Présentation

Résumé :

SOMMAIRE  

INTRODUCTION — Sabrina Juillet Garzon  

I. L’HISTOIRE COMME CLÉ POUR COMPRENDRE LES RACINES DUNE CULTURE DE LA DIFFÉRENCE  

La culture de la différence écossaise au sein de la Grande-Bretagne — Jean Berton 
Les ancêtres des Écossais à l’époque romaine : aux origines d’une différence ? — Michel Molin 
La différence identitaire et culturelle au sein de la cour anglo-écossaise du roi Jacques VI et Ier : un avantage dans le projet d’union et d’unité britannique jacobéen ? — Sabrina Juillet Garzon 
A “Scotch Canada” in Great Britain? The British North American colonies in the English and Scottish press at the end of the Long Eighteenth century (c.1783-1815) — Alice Lemer-Fleury 
La « Pétition des Sonneurs » (1751) de David Hume, ou comment faire entendre sa différence — Gilles Robel 
La perception des habitants des Hautes-Terres dans A Journey to the Western Islands of Scotland de Samuel Johnson (1775) — Christian Auer 
Expressing Scottish identity: the political significance of emotionally charged representations of national difference — Arnaud Fiasson 
Ideological differences and strategic debates within the Scottish independence movement — Nathalie Duclos 

II. LA DIFFÉRENCE ÉCOSSAISE À TRAVERS LA MUSIQUE ET LES ARTS ? 

La frontière culturelle et artistique entre l’Écosse et l’Angleterre ou la revendication de la spécificité de l’identité écossaise dans les œuvres des artistes contemporains — Marion Amblard 
Visible difference? The photography collective DOCUMENT SCOTLAND — Karine Chambefort-Kay 
La musique écossaise : une tradition historique unique en son genre — Blaise Douglas 

III. LA DIFFÉRENCE DANS LES TRADUCTIONS ET LES INTERPRÉTATIONS LINGUISTIQUES 

Representation of Scottish linguistic specificities in the Trainspotting trilogy: from the Nation to the Self — Mathilde Pinson 
Les emprunts au gaélique écossais en anglais — Pierre Fournier 

IV. LA DIFFÉRENCE EN LITTÉRATURE 

Naomi Mitchison’ s Solution Three or the need for biological and cultural difference — Jessica Aliaga Lavrijsen 
Mercurial reinventions: Kenneth White’ s Travels in the Drifting Dawn — Monika Kocot 
The Scottish Other in Shakespeare’ s Drama — Céline Savatier-Lahondes 
Hugh MacDiarmid and the Scottish Isles — Béatrice Duchateau 
Fighting the “One Land, One Nation, One Language” policy in Irish and Scottish drama: difference in differences — Danièle Berton-Charrière  
Difference and being different. In search of a sense of belonging as perceived through the eyes of Leila Aboulela — Aniela Korzeniowska 

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Colloque : “Les arts plastiques et la musique au prisme du cinéma : penser l’hybridité”

colloque les arts plastiques et la musique au prise du cinéma : penser l'hybridité

Le colloque se tiendra EN LIGNE

Dès le début du xxe siècle, de nombreux écrits ont affirmé la nature syncrétique du cinéma, alors synonyme de modernité. Les années 1920, en particulier, furent marquées par la publication d’essais rapprochant, ou au contraire distinguant, le cinéma des autres arts. Alors qu’il a été considéré par les uns comme la forme artistique la plus complète, d’autres ont interprété son hybridité comme un échec à fonder sa propre esthétique. Toujours est-il qu’à l’âge du numérique, le cinéma n’a rien perdu de sa ductilité, même s’il est devenu un système de représentation minoritaire, selon les analyses de Jean-Michel Frodon. Grâce à un double point de vue sur le grand écran, comme art façonné par les autres mais aussi façonnant, ce colloque interrogera la plasticité du septième art des origines de ce médium jusqu’à nos jours. En adoptant un point de vue transdisciplinaire, la réflexion portera sur des pratiques artistiques hybrides (entre cinéma et musique ou arts plastiques) au sein d’un univers médiatique nécessairement pluriel.

Organisation

  • Unité de Recherche pluridisciplinaire Pléiade (UR 7338) et structure fédérative de recherche MÉDIALEC, Université Sorbonne Paris Nord
  • RASM-CHCSC (Recherche, arts, spectacle, musique – Centre d’Histoire culturelle des sociétés contemporaines), Université d’Évry/Paris-Saclay

Informations / inscriptions

Merci de vous inscrire avant le 13 avril 2021 en nous écrivant aux adresses suivantes :

cecile.fourreldefrettes@univ-paris13.fr et ines.taillandierguittard@univ-evry.fr

Programme

Jeudi 15 avril

9h-9h30 : ouverture du colloque et présentation de l’outil Zoom

1. La musicalité cinématographique : essai de théorisation (9h30-11h)

Présidence de séance : Chloé Huvet

  • Antoine Gaudin (Université Sorbonne Nouvelle), “Du rythme visuel au « rythme spatial du visible » : pour une « musicalité » propre au cinéma”
  • Amanda Coelho (Université Paris Sorbonne), “Le décor de cinéma ou la musique pétrifiée : l’harmonie architecturale dans les théories cinématographiques d’avant-garde des années 1920”
  • Philippe Roger (Université Lumière Lyon 2), “Penser musicalement le cinéma. L’essai oublié du Six juin à l’aube

2. L’art de faire des films, ou l’art de composer (11h20-12h50)

Présidence de séance : Grégoire Tosser

  • Arthur Côme (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), “La musicalité des images dans le cinéma français de la Première Vague : pour un art légitimé”
  • Gabriel Matteï (EHESS), “La musicalité du regard dans le cinéma de Johan van Der Keuken”
  • Vu Cong Minh (Université de Caen Normandie), “L’art du contrepoint dans Les Gardiens de la Galaxie (2014)”

Le coin des artistes (14h-14h30)

  • Alexis Guillier (ComUE Normandie-Université), “Le cinéma éclaté (a many splattered thing)”

3. Musique des corps (14h30-16h30)

Présidence de séance : Inès Taillandier

  • Chloé Huvet (Université d’Évry Paris-Saclay), “Musicalisation du corps et du geste à l’écran dans les films anglo-saxons contemporains. Le cas de Us (Peele, 2019) et Baby Driver (Wright, 2017)”
  • Debora Boschetti (Université de Caen Normandie), “Luca Marinelli : le corps musical, la musicalité du corps dans On l’appelle Jeeg Robot (Lo chiamavano Jeeg Robot) (Gabriele Mainetti, 2016)”

4. Cinéma et opéra (16h50-17h50)

Présidence de séance : Inès Taillandier

  • Marion Sergent (Sorbonne Université), “Créations ciné-lyriques de l’entre-deux-guerres. Du Gaumont-Palace à l’Opéra de Paris”
  • Aurélia Gournay (Université Sorbonne Nouvelle), “Hybridité du film-opéra : étude de Don Giovanni de Joseph Losey (1979)”

Vendredi 16 avril

1. Musique diégétique : hybridations et mises en abyme (9h-10h30).

Présidence de séance : Cécile Fourrel de Frettes

  • Raphaëlle Costa de Beauregard (Université Toulouse – Jean Jaurès), “Le concert au cinéma ou lorsque cinéma rime avec musique: Hangover Square (John Bram 1944) et Unfaithfully Yours/Infidèlement vôtre (Preston Sturges 1948)”
  • Emmanuel Le Vagueresse (Université de Reims Champagne-Ardenne), “Miguel de Molina dans Ésta es mi vida (1952) de Román Viñoly Barreto : le cinéma de concert avec la musique, ou les multiples possibles du vrai et du faux”
  • Ona Balló Pedragosa (chercheuse indépendante), “La musique diégétique au cinéma, un espace de pensée et de création. À la rencontre de son pouvoir narratif et esthétique”

2. Picturalité cinématographique (10h50-12h50)

Présidence de séance : Céline Murillo

  • Joséphine Haillot (EHESS), “Le cinéma de Tinto Brass sous le filtre des Arts optiques et cinétiques.”
  • Marie Grenon (Université Sorbonne Nouvelle), “Pictures picturales : Quand peinture et cinéma se fondent dans The Limits of Control (2009) de Jim Jarmusch”               
  • Marianne Decambiaire (Université d’Aix-Marseille), “Vers une  « iconographie filmante » : le peintre et son modèle dans La Flor”      
  • Olga Stepanova (Université Sorbonne Paris Nord), “La rencontre du graffiti et du cinéma dans le film Vandal : focus sur la culture urbaine”

Le coin des artistes (14h00-14h30)

  • Frédéric Isoletta (Conservatoire National de Marseille). Entretien

3. Triptyques : cinéma, arts plastiques, musique (14h45-16h45)

Présidence de séance : Valérie Stiénon

  • Violaine Anger (Université d’Évry Paris-Saclay), “Cinéma, musique et arts plastiques : penser le support et l’écran”
  • Marie Gueden (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), “« Une sorte d’ondulation serpentante des lignes (…) comme une vibration sonore autour d’une corde » : le style lyrique des esthètes de l’écran aux débuts du XXe siècle en France”
  • Justin S. Wadlow (Université de Picardie Jules Verne), “I’ll be your mirror : les images et les sons d’un New York caléidoscopique. Croisement, réinvention et transgression au cœur du Lower East Side”
  • Mario Adobati (Université Paul-Valéry-Montpellier), “Fondements musicologiques et picturaux d’un symbole cinématographique”

Comité scientifique

  • Brice Castanon-Akrami (Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade)
  • Cécile Fourrel de Frettes (Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade)
  • Chloé Huvet (Université d’Évry/Paris-Saclay, RASM-CHCSC)
  • Emmanuel Le Vagueresse (Université de Reims Champagne-Ardenne, CIRLEP)
  • Marie-Linda Ortega (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, CREC)
  • Valérie Stiénon (Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade)
  • Inès Taillandier-Guittard (Université d’Évry/Paris-Saclay, RASM-CHCSC)
  • Grégoire Tosser (Université d’Évry/Paris-Saclay, RASM-CHCSC)
  • Cécile Vincent-Cassy (Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade)

Documents

Colloque : “Les arts plastiques et la musique au prisme du cinéma : penser l’hybridité” Lire la suite »

Une histoire visuelle de la France en cartes postales

Le 26 octobre 2020 a été diffusé sur France 3 Bourgogne Franche Comté un reportage consacré à l’éditeur de cartes postales Combier, actif de 1935 à 1975. Il photographie la quasi totalité des communes de France et est aussi actif dans les colonies d’Afrique du Nord, contribuant à fabriquer une image de la France du 20e siècle. Magali Nachtergael, spécialiste de culture visuelle et membre de Pléiade, a contribué à ce documentaire réalisé par Caroline Reussner. Il est visible en replay pendant 3 mois :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/inedit-souvenirs-france-cartes-postales-jean-marie-combier-1883928.html

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Appel à communication Journée d’études : “(dé)jouer la contrainte, (dé)lier ses mains. Traduire avec la contrainte en poésie”

Organisateurs :  Paolo Bellomo (CERC-Université Sorbonne nouvelle Paris 3 ; EA 1573, Université Paris 8-Vincennes) // Camille Bloomfield (Pléiade-Université Paris 13 ; Thalim-Université de la Sorbonne Nouvelle ; Outranspo) // Irène Gayraud (CRLC-Paris Sorbonne ; Outranspo)

Date : 4 juin 2021

Lieu : IUT de Bobigny – Université Paris 13. 1 rue de Chablis, 93000 Bobigny

La question de la traduction de la contrainte est particulièrement fascinante en ce qu’elle offre une perspective originale pour penser la traduction littéraire en général. L’étude de la traduction des textes contraints rend en effet visibles des stratégies traductives habituellement masquées : faut-il traduire par exemple la forme du texte, son jeu-même, ou plutôt le résultat produit par celui-ci ? Est-ce possible de faire les deux à la fois ? Comment traduire une littérature faite notamment de formes fixes, ou fondée sur des procédés sonores, rythmiques voire visuels qui la situent parfois dans le champ de l’intraduisible ? On pense évidemment au corpus oulipien, des Cent mille milliards de poèmes aux Alphabets de Perec, en passant par Compléments de nom, le poème infini de Michèle Métail ou les poèmes en anagrammes d’Oskar Pastior, mais aussi aux formes antiques ou médiévales (notamment combinatoires) et à leur réappropriation par les poètes contemporains.

En effet, la poésie, en tant qu’elle adopte très souvent une forme spécifique (qui peut porter sur le vers, la strophe, la forme des poèmes ou même celle des recueils), que celle-ci soit fixée par la tradition (le sonnet, l’alexandrin…) ou inventée pour un recueil en particulier (comme dans ∈ de Jacques Roubaud ou l’Ipersonetto d’Andrea Zanzotto), pose à la traduction des questions très proches de celles de la littérature à contrainte. D’une certaine manière, la poésie est déjà littérature à contrainte, de même que la traduction est déjà écriture à contrainte. Comment, dès lors, faire dialoguer les travaux sur la traduction de la poésie avec ceux sur la traduction de la contrainte ? S’agit-il des mêmes questionnements, pour les traducteurs et pour les chercheurs ? Y a-t-il une différence entre traduire une forme poétique fixe et traduire un texte écrit avec une contrainte inédite ?

Dans la réflexion que nous nous proposons d’avoir, la contrainte n’est pas seulement formelle. De même, elle n’affecte pas seulement les textes. Elle peut aussi investir les conditions de production de la traduction : traduction collective, traduction-minute, traduction en collaboration avec l’auteur, auto-traduction… Les formes de la contrainte choisie sont donc multiples, mais la démarche diffère radicalement des traductions faites “sous contrainte”, c’est-à-dire dans des conditions imposées par quelqu’un d’autre que l’auteur·rice.

La traduction de la contrainte permet en outre d’interroger la pratique du traducteur et la pensée de la traduction qui l’habite plus ou moins consciemment. En quoi le traducteur d’une littérature à contrainte reproduit-il et démultiplie-t-il le geste de l’auteur, de l’oeuvre originale ? En effet, plus le texte résiste à la traduction, plus le traducteur doit réinventer ses outils, son éthos, et répondre aux appels de l’intraduisible, en assumant que son œuvre actualise seulement l’une des possibles vies de l’original dans cette langue étrangère. Cela permet-il à ces traductions d’agir à la fois comme lectures critiques et miroirs poétiques et donc d’interpréter autrement les œuvres originales ?

Sur le plan méthodologique et organisationnel, la journée sera ouverte à des formes innovantes et participatives d’intervention ainsi qu’à de la recherche-création ; elle mêlera communications scientifiques, tables rondes faisant dialoguer poètes, traducteurs et chercheurs, et lectures ou performances poétiques. Co-organisée notamment par deux membres de l’Outranspo (Ouvroir de translation potencial), elle inclura un atelier de traduction de poésie à contrainte animé par quelques membres de ce collectif.

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Quelques références bibliographiques

“Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte”, dossier coordonné par C. Bloomfield et D. Schilling, Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, 162 p.

“Traduire la contrainte”, revue Formules n°2, Noesis, 1998, 270 p.

A. Cordingley, C.Frigau Manning (dir.), Collaborative translation : from the Renaissance to the Digital age, London, New York, Bloomsbury Academic, 2017, 260 p.

“Voyage et équipage”, Cahier “Traduire en équipe”, revue Traduire n°233, 2015, URL : https://journals.openedition.org/traduire/720

D. Weissmann, V. Broqua, Sound /Writing : traduire-écrire entre le son et le sens. Homophonic translation – traducson – Oberflächenübersetzung, Editions des archives contemporaines, Coll. «Multilinguisme, traduction, création», 2019.

T. Samoyault, « Vulnérabilité de l’oeuvre en traduction », Genesis, n° 38, 2014, p. 57-68.

*** Propositions d’une demi-page maximum à envoyer avant le 15 novembre 2020 aux trois adresses suivantes : camille.bloomfield@univ-paris13.fr / gayraud.irene@gmail.com / p.bellomo@hotmail.it

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Annulé – Vernissage : “Les savoir-faire du Nord-francilien”

Dans le cadre de leur projets en communication, les étudiants du département GEA de l’IUT de Saint-Denis ont travaillé sur le thème des savoir-faire du Nord francilien. Leur exposition photo est visible au café-expo du campus Villetaneuse jusqu’au mardi 10 mars midi. Elle migrera par la suite vers le hall de l’IUT de Saint-Denis (10-24 mars), mais aussi vers la “fabrique culturelle” le 6B à Saint-Denis, où nous organiserons un vernissage le jeudi 26 mars, à partir de 18h.
 Sachez que vous êtes les bienvenus, et n’hésitez pas signaler votre venue par mail à elina.absalyamova@univ-paris13.fr

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2ème séance des Doctoriales 2019

Programme

9h15-9h30 : Accueil

  • 9h30-10h00 : Xavier Cornet, “La confrontation du jeune chercheur et de son terrain : exemple à travers une appréciation des espaces végétalisés montréalais”
  • 10h00-10h30 : Edmée Mbaye, “Caractérisation floristique des parcs arborés dans la partie insulaire du Delta du saloum”
  • 10h30-10h50 : Lila Benaza, présentation du sujet de thèse intitulé “L’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, sécurité énergétique et conséquences environnementales et sociales”

Pause

  • 11h00-11h20 : Lionel Ekassi Ondoua, présentation du sujet de thèse intitulé “Territoire, tourisme et développement durable. Enjeux et moyens de la durabilité du tourisme durable à l’échelle locale. Application aux territoires de la baie de Somme en Picardie dans la région des Hauts-de-France”
  • 11h20 -11h40 : Maddalena Bodini, présentation du sujet de thèse intitulé “La ville invisible. Marginaux, voleurs, prostitués, aliénés dans le Paris du Second Empire”.
  • 11h40-12h00 : Rebecca Cadeau, présentation du sujet de thèse intitulé “Migrations internationales haïtiennes : espaces de l’entre-deux ? Pour une analyse comparative de la territorialisation de l’espace diasporique haïtien : les cas des régions parisienne et montréalaise”
  • 12h00-12h20 : Javiera Coussieu-Reyes, présentation du sujet de thèse intitulé “Récits d’inceste : Histoire d’une prise d’écriture, 1986-2019”

Déjeuner

  • 13h50-14h50 : Le mot du directeur, Frédéric Alexandre : informations importantes sur l’organisation du laboratoire, sur son articulation avec l’école doctorale, sur le circuit financier et sur les missions. Présence obligatoire des nouveaux doctorants (2018 et 2019).

  • 14h50-15h10 : Mahieu Ramanitra, présentation du sujet de thèse intitulé “De la Communication NonViolente à Extinction Rébellion
  • 15h10-15h40 : Mariem Ben Smida, “Winston Churchill : renaissance d’une figure historique à l’occasion du Brexit”
  • 15h40 -16h10 : Léo Muelle, “La puissance de l’iconographie sur le Web 2.0 : identité et visibilité”

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