traduction

Journée d’études (Dé)jouer la contrainte, (dé)lier ses mains. Traduire avec la contrainte en poésie

Organisateurs :  Paolo Bellomo (CERC-Université Sorbonne nouvelle Paris 3 ; EA 1573, Université Paris 8-Vincennes) // Camille Bloomfield (Pléiade-Université Paris 13 ; Thalim-Université de la Sorbonne Nouvelle ; Outranspo) // Irène Gayraud (CRLC-Paris Sorbonne ; Outranspo)

Date : 4 juin 2021

Lieu : IUT de Bobigny – Université Paris 13. 1 rue de Chablis, 93000 Bobigny

La question de la traduction de la contrainte est particulièrement fascinante en ce qu’elle offre une perspective originale pour penser la traduction littéraire en général. L’étude de la traduction des textes contraints rend en effet visibles des stratégies traductives habituellement masquées : faut-il traduire par exemple la forme du texte, son jeu-même, ou plutôt le résultat produit par celui-ci ? Est-ce possible de faire les deux à la fois ? Comment traduire une littérature faite notamment de formes fixes, ou fondée sur des procédés sonores, rythmiques voire visuels qui la situent parfois dans le champ de l’intraduisible ? On pense évidemment au corpus oulipien, des Cent mille milliards de poèmes aux Alphabets de Perec, en passant par Compléments de nom, le poème infini de Michèle Métail ou les poèmes en anagrammes d’Oskar Pastior, mais aussi aux formes antiques ou médiévales (notamment combinatoires) et à leur réappropriation par les poètes contemporains.

En effet, la poésie, en tant qu’elle adopte très souvent une forme spécifique (qui peut porter sur le vers, la strophe, la forme des poèmes ou même celle des recueils), que celle-ci soit fixée par la tradition (le sonnet, l’alexandrin…) ou inventée pour un recueil en particulier (comme dans ∈ de Jacques Roubaud ou l’Ipersonetto d’Andrea Zanzotto), pose à la traduction des questions très proches de celles de la littérature à contrainte. D’une certaine manière, la poésie est déjà littérature à contrainte, de même que la traduction est déjà écriture à contrainte. Comment, dès lors, faire dialoguer les travaux sur la traduction de la poésie avec ceux sur la traduction de la contrainte ? S’agit-il des mêmes questionnements, pour les traducteurs et pour les chercheurs ? Y a-t-il une différence entre traduire une forme poétique fixe et traduire un texte écrit avec une contrainte inédite ?

Dans la réflexion que nous nous proposons d’avoir, la contrainte n’est pas seulement formelle. De même, elle n’affecte pas seulement les textes. Elle peut aussi investir les conditions de production de la traduction : traduction collective, traduction-minute, traduction en collaboration avec l’auteur, auto-traduction… Les formes de la contrainte choisie sont donc multiples, mais la démarche diffère radicalement des traductions faites “sous contrainte”, c’est-à-dire dans des conditions imposées par quelqu’un d’autre que l’auteur·rice.

La traduction de la contrainte permet en outre d’interroger la pratique du traducteur et la pensée de la traduction qui l’habite plus ou moins consciemment. En quoi le traducteur d’une littérature à contrainte reproduit-il et démultiplie-t-il le geste de l’auteur, de l’oeuvre originale ? En effet, plus le texte résiste à la traduction, plus le traducteur doit réinventer ses outils, son éthos, et répondre aux appels de l’intraduisible, en assumant que son œuvre actualise seulement l’une des possibles vies de l’original dans cette langue étrangère. Cela permet-il à ces traductions d’agir à la fois comme lectures critiques et miroirs poétiques et donc d’interpréter autrement les œuvres originales ?

Sur le plan méthodologique et organisationnel, la journée sera ouverte à des formes innovantes et participatives d’intervention ainsi qu’à de la recherche-création ; elle mêlera communications scientifiques, tables rondes faisant dialoguer poètes, traducteurs et chercheurs, et lectures ou performances poétiques. Co-organisée notamment par deux membres de l’Outranspo (Ouvroir de translation potencial), elle inclura un atelier de traduction de poésie à contrainte animé par quelques membres de ce collectif.

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Quelques références bibliographiques

“Translating constrained literature / Traduire la littérature à contrainte”, dossier coordonné par C. Bloomfield et D. Schilling, Modern Language Notes (French Issue), The Johns Hopkins University Press, vol. 131 n°4, septembre 2016, 162 p.

“Traduire la contrainte”, revue Formules n°2, Noesis, 1998, 270 p.

A. Cordingley, C.Frigau Manning (dir.), Collaborative translation : from the Renaissance to the Digital age, London, New York, Bloomsbury Academic, 2017, 260 p.

“Voyage et équipage”, Cahier “Traduire en équipe”, revue Traduire n°233, 2015, URL : https://journals.openedition.org/traduire/720

D. Weissmann, V. Broqua, Sound /Writing : traduire-écrire entre le son et le sens. Homophonic translation – traducson – Oberflächenübersetzung, Editions des archives contemporaines, Coll. «Multilinguisme, traduction, création», 2019.

T. Samoyault, « Vulnérabilité de l’oeuvre en traduction », Genesis, n° 38, 2014, p. 57-68.

*** Propositions d’une demi-page maximum à envoyer avant le 15 novembre 2020 aux trois adresses suivantes : camille.bloomfield@univ-paris13.fr / gayraud.irene@gmail.com / p.bellomo@hotmail.it

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2ème séance du séminaire “Itinéraires de la traduction” (Axe 4) : “Traduction et culture de masse”

Itinéraires de la traduction

Séance en mode hybride, via le lien suivant :

Participer à la réunion Zoom
https://zoom.us/j/3299355930?pwd=MGhiZy9Fa2RLbVBEU3lyK0k4cTBqdz09

Image : La Grande Tour de Babel, Brueghel l’Ancien, vers 1563.

Programme

  • 9h30 : Pedro Mogorrón Huerta (Professeur invité, Université d’Alicante) : “La perte d’information dans la traduction audiovisuelle”. Conférence suivie d’une discussion.
  • 10:45 : Natalia Soler Cifuentes (Université Sorbonne Nouvelle/Université d’Alicante, Lattice UMR8094) : “La traduction des noms de marque : comment se faire un nom à l’étranger”. Communication suivie d’une discussion.
  • 11h30 : Céline Planchou (Université Sorbonne Paris Nord, Pléiade) : “La langue navajo de la Seconde Guerre mondiale à Star Wars”. Communication suivie d’une discussion.
  • 12h15 : Débat et perspectives

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Séance de séminaire : “Itinéraires de la traduction” (Axe 4)

Itinéraires de la traduction

Image : La Grande Tour de Babel, Brueghel l’Ancien, vers 1563.

Programme

  • 14h00 : Accueil et présentation
  • 14h10 : Marian Panchón Hidalgo (chercheuse invitée, Université de Grenade) : “Traduire André Breton pendant le franquisme (1939-1975) ou comment créer du surréalisme de manière (in)consciente” (voir le résumé de la conférence ci-dessous).
  • Discutante : Camille Bloomfield (Pléiade / CERILAC, Université de Paris)
  • 15h30 : Cécile Fourrel de Frettes (Pléiade, USPN) : “La maison d’édition Prometeo et la diffusion de la littérature française dans l’Espagne des années 1910 et 1920”
  • Discussion
  • 16h15 : Aurélie Journo (Pléiade, USPN) : “Comment traduire une littérature “mineure” en français? Réflexions sur la traduction de Siku Njema de Ken Walibora”
  • Discussion et perspectives
Marian Panchón Hidalgo (chercheuse invitée, Université de Grenade) : “Traduire André Breton pendant le franquisme (1939-1975) ou comment créer du surréalisme de manière (in)consciente”. Résumé

Le surréalisme est passé dans les annales de la littérature universelle comme l’un des mouvements artistiques les plus importants du XXe siècle. Néanmoins, pendant la dictature franquiste, les censeurs travaillaient durement afin de contrôler lacommunication sociale et les ouvrages de Breton, l’un des fondateurs du mouvement, étaient complètement interdits lors du premier franquisme (1939-1959) à cause de ses positions politiques. L’ouverture de la société espagnole qui s’amorce dans les années 60 est notable, grâce au tourisme, à l’exode rural ou à l’expérience de l’émigration.

À l’époque, la traduction a joué un rôle fondamental dans l’industrie éditoriale, puisque beaucoup d’auteurs espagnols avaient émigré vers d’autres pays. Cependant, comme l’éditrice Tusquets (2005) l’explique avec justesse, l’un des cauchemars des éditeurs espagnols était souvent les traductions, puisque les traducteurs n’avaient pas les connaissances suffisantes pour traduire des textes aussi complexes.

L’objectif de cette communication est donc d’analyser l’œuvre Manifiestos del surrealismo (1969) et de voir comment certains fragments mal compris par Andrés Bosch, son traducteur, ont pu créer du surréalisme de manière (in)consciente, comme dans les cas de « ciervo volante » (« cerf-volant »), « en la hermosa estrella » (« à la belle étoile ») ou « gusano brillante » (« ver luisant »). De même, il est intéressant de souligner plusieurs jeux de mots qui se perdent dans la version espagnole : le « camée León » devient le « camafeo León » en espagnol, ce qui provoque également une situation surréaliste – au sens propre et au sens figuré –, même si l’allusion au caméléon se perd dans la version espagnole. Il faut aussi prendre en compte l’exemple « froid de lion, froid de canard ou froid de bébé », qui devient « frío de león, frío de ganso o frío de bebé », phrase incohérente pour le lectorat espagnol, qui ne comprendra pas le jeu de mots, à moins qu’il ne comprenne le français et soit conscient de la signification de l’expression familière « froid de canard ».

Nous profiterons également de l’occasion pour analyser les dossiers de censure de cette traduction sous le second franquisme (1959-1975) afin d’en savoir davantage sur le contexte historique de l’époque ainsi que le fonctionnement de l’appareil censorial. Au-delà de leur tâche initiale, les censeurs se livraient dans leurs rapports à de véritables critiques littéraires, qui étaient réservées à une élite intellectuelle et administrative, à laquelle ils appartenaient.

Bibliographie

-­‐ Breton, A. (1962). Manifestes du surréalisme. Paris : Jean-Jacques Pauvert.
-­‐ Breton, A. (1969). Manifiestos del surrealismo. (A. Bosch, Trad.). Madrid : Guadarrama.
-­‐ Tusquets, E. (2005), Confesiones de una editora poco mentirosa. Barcelona : Lumen.

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La traduction des livres pour la jeunesse : interview avec Mathilde Lévêque

Des livres pour les enfants sont écrits et publiés partout dans le monde. Certains sont traduits et édités pour que des enfants d’autres pays puissent en profiter. Quel chemin prend alors le livre pour arriver jusqu’à la bibliothèque ? Quelles personnes jouent un rôle important dans sa réalisation et sa traduction ? Partons à la découverte de l’édition jeunesse !

  • Dans cette vidéo, elle nous parle des enjeux de la traduction de livres jeunesse en prenant l’exemple de “Fifi Brindacier”, roman suédois, écrit par Astrid Lindgren et publié en 1945. Il a été traduit, pour la première fois en français, en 1951.

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Son et traduction dans l’œuvre de Proust, Honoré Champion. 2018

Dirigé par Emily Eells et Naomi Toth

Il y avait des jours où le bruit d’une cloche qui sonnait l’heure portait sur la sphère de sa sonorité une plaque si fraîche, si puissamment étalée de mouillé ou de lumière, que c’était comme une traduction pour aveugles, ou, si l’on veut, comme une traduction musicale du charme de la pluie, ou du charme du soleil. (La Prisonnière)

Pour le narrateur d’À la recherche du temps perdu, le son traduit ; par ailleurs, il définit la tâche de l’écrivain comme celle d’un traducteur. Se dessinent dès lors, entre sonorité et langage littéraire, un parallèle étroit mais aussi un mince écart, de sorte qu’un point de fuite s’inscrit dans le texte : l’écrivain traduit une sonorité déjà elle-même traduction. Que faire de toutes ces strates de son quand on cherche à les rendre dans une langue autre que le français ? Que révèle la pratique de la traduction de la façon dont Proust pense le rapport entre sonorité et langage ? Telles sont les questions abordées par les articles ici rassemblés, avec une attention particulière accordée aux traductions vers la langue anglaise.

Table des matières

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